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Depuis le début de l’été 2022, l’Europe de l’Ouest est confrontée à des phénomènes météorologiques exceptionnels : des incendies à répétition, mais aussi des inondations, comme en Corse ce jeudi 18 août. Ces événements sont en lien avec le changement climatique, qui a été parfois sous-estimé. Un des grands défis sera notamment la « végétalisation » des villes.
Pour Robert Vautard, météorologue et coordinateur d’un des chapitres du sixième rapport du Giec, les modèles des climatologues donnent une vision trop optimiste de ce dérèglement : « Il se trouve qu’en Europe de l’Ouest, les modèles sous-estiment l’évolution des températures d’été et particulièrement des températures chaudes. En gros, en France, on observe en été une augmentation des températures qui va jusqu’à, à peu près, trois degrés depuis les années 50, donc on a en moyenne trois degrés de plus. Pendant les canicules, on a en moyenne un peu plus, environ quatre degrés. »
La « renaturation des villes »
« Or, poursuit le météorologue, les modèles de climat, pour la France et pour l’Europe de l’Ouest, nous disent que les températures devraient être, avec l’augmentation des gaz à effet de serre, plutôt de deux degrés plus élevées qu’au milieu du siècle précédent. Il est probable que l’Europe va être soumise à un réchauffement climatique plus important que, d’une part, ce qui était prévu, et plus important dans l’absolu par rapport à d’autres régions aussi. »
Face à ce dérèglement, et c’est l’un des défis posés aux élus et aux urbanistes pour les années à venir : il faut végétaliser davantage les villes européennes. Face à la sécheresse très sévère de cette année, le gouvernement français va lancer un programme de « renaturation des villes » pour permettre de constituer des canopées urbaines et de végétaliser certaines façades. Au total, 500 millions d’euros y seront alloués. Le sujet a aussi été abordé cette semaine à Angers où se tenait le 31e congrès international d’Horticulture.
« Diversité »
Caroline Gutleben est ingénieure horticole, directrice de Plante et cité, une association qui accompagne les municipalités et les entreprises en matière de végétalisation et d’espaces verts. Elle insiste sur l’importance d’avoir non seulement beaucoup de végétaux en ville, mais aussi le plus de variétés possibles : « Ce qu’il faut en fait, c’est s’appuyer sur de la diversité. La diversité d’espèces, et puis la diversité à l’intérieur des espèces même, d’avoir des végétaux qui ne seraient pas tous des clones, c’est-à-dire qu’il y a une diversité à l’intérieur de l’espèce selon les modes de multiplication, donc il faut viser tous ces types de diversité. »
Ainsi, dit-elle, « il y a des collectivités à Melbourne, ou même ailleurs on l’a entendu au cours du congrès, qui se disent, “nous, on se donne des règles, pas plus de 10% de notre patrimoine arboré vient d’une même famille, mais aussi pas plus de 20% vient du même genre, et pas plus de 30% d’une même espèce”. C’est pour éviter des phénomènes comme on l’a vu dans les années 60, 70 et même avant, où le principal genre qui était planté en France c’était le platane, le marronnier et le tilleul. Donc on pouvait avoir des villes dont 80% du patrimoine arboré était composé par ces trois genres. Donc demain, s’il y a des problématiques phytosanitaires, une maladie, un ravageur sur le platane, ça fait des fois 30% du patrimoine végétal d’une ville qui est menacé. »
►À écouter aussi : Changement climatique: l’Europe face à la sécheresse