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Clément Beaune veut une « régulation », Julien Bayou appelle à « les bannir »


En plein été marqué par les conséquences en cascade du dérèglement climatique, le traçage en ligne des jets privés des milliardaires suscite la polémique depuis plusieurs semaines quant au bilan carbone des plus fortunés. Au point que le sujet se fait désormais une place dans le débat politique. Clément Beaune, ministre délégué chargé des transports, s’est dit favorable à une « régulation » des vols en jets privés auprès du Parisien samedi 20 août.

« Il existe des motifs d’urgence, des impératifs économiques, mais ça ne peut pas être un mode de déplacement individuel de confort, alors que la mobilisation générale engagée par le président nécessite que tout le monde fasse des efforts », a estimé le ministre, jugeant que ces vols devenaient « le symbole d’un effort à deux vitesses ».

Selon Le Parisien, le ministre envisagerait des incitations, voire une taxation. L’entourage de Clément Beaune a ensuite précisé à France Télévisions qu’il ne s’agissait cependant pas d’interdire les vols en jet privés, « l’aviation d’affaire [étant] une activité économique importante en France », mais plutôt de « définir des règles au niveau européen ».

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Le secrétaire général d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Julien Bayou, s’est « réjoui » sur Franceinfo que le sujet émerge dans le débat politique mais a appelé à des mesures beaucoup plus fermes. « Un jet pollue dix fois plus qu’un avion. Il est donc temps de les bannir, parce qu’ils nous empoisonnent littéralement », a dénoncé Julien Bayou, fustigeant des « déplacements caprices ».

Pour lui, une taxation serait insuffisante. « Si on mettait une taxe, par exemple de 15 000 euros, ce ne serait même pas de l’argent de poche pour ces personnes », a estimé le secrétaire général d’EELV, citant les données d’ONG selon lesquelles la fortune moyenne des utilisateurs de jets privés est de 1,3 milliard d’euros.

Empreinte carbone 5 à 14 fois supérieure aux vols commerciaux

Plusieurs comptes Twitter ont contribué à mettre cet enjeu en lumière, au premier rang desquels le compte @ElonJet, qui répercute sur Twitter tous les déplacements de l’avion appartenant au magnat de la tech Elon Musk.

Son fondateur, le jeune développeur américain Jack Sweeney, a créé de nombreux comptes similaires permettant, entre autres, de suivre les déplacements du patron de Meta, Mark Zuckerberg, de l’Etat russe, et d’un ensemble de milliardaires et de célébrités.

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D’autres internautes ont lancé leurs propres comptes, à l’image de @iflybernard (60 000 abonnés sur Twitter) et @laviondebernard (75 000 abonnés sur Instagram et 31 000 sur Twitter). Etablis sur la même idée – répertorier le bilan carbone de chaque déplacement du jet privé de Bernard Arnault, première fortune de France et troisième homme le plus riche de la planète –, ils suivent d’autres avions appartenant à de grandes entreprises et milliardaires français, du groupe Decaux à Total, en passant par ceux de Vincent Bolloré, François-Henri Pinault ou Martin Bouygues.

Le secteur aérien est responsable de 2 à 3 % des émissions mondiales de CO2 mais, selon un rapport de Transport & Environment publié en mai, les vols privés ont une empreinte carbone par passager de cinq à quatorze fois supérieure aux vols commerciaux et cinquante fois supérieure au train. L’aviation privée est en plein essor depuis la pandémie, ses clients cherchant ainsi à éviter les suppressions de vols et la promiscuité face au virus.

Le Monde



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Written by Stephanie

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