Irriguer la vigne ? Face aux épisodes récurrents de sécheresse, l’idée est désormais sérieusement envisagée dans le vignoble du Beaujolais. Depuis un an, une expérimentation d’irrigation est menée sur deux parcelles, dans le centre de recherche vitivinicole de la Sicarex, situé dans le domaine du Château de l’Eclair, à l’ouest de Villefranche-sur-Saône. Une technique d’arrosage au goutte-à-goutte et une autre d’aspersion sont mises en place sur des rangs de vigne.
La solution semble prometteuse pour assurer l’apport d’eau nécessaire au développement de la vigne. Elle pourrait combler les longues périodes sans pluie. Mais la perspective de l’irrigation soulève encore de nombreuses questions techniques. A commencer par la source d’eau : forage souterrain, canalisation depuis la Saône proche ou retenues collinaires ? Le sujet est sensible, dans un contexte contraint. Soumise à autorisation et régulation, l’irrigation suppose un long parcours administratif et des financements importants.
D’autres expérimentations sont engagées par la Sicarex et ses partenaires pour lutter contre les effets du changement climatique. De nouveaux porte-greffes sont testés. Il s’agit de la partie basse du plant de vigne, plantée dans le sol. Des ceps aux racines plus longues sont plus adaptés aux périodes de sécheresse. Le centre de recherche fait également des essais de filets d’ombrage disposés sur les vignes pour limiter la chaleur des rayonnements solaires.
Un appel au dialogue
Les viticulteurs commencent à planter des céréales légumineuses à proximité de leurs vignes, afin de produire plus d’humidité et de fraîcheur. Ils savent aussi que certains cépages sont plus résistants à la sécheresse. Actuellement, les appellations d’origine contrôlées (AOC) du Beaujolais reposent sur le cépage du gamay pour le vin rouge, et du chardonnay pour le vin blanc. L’utilisation d’autres cépages ne rentrerait pas dans l’AOC, à moins d’une modification du cahier des charges.
Irrigation, cépages ou modifications dans les pratiques : toutes les recherches en cours devront se conjuguer avec les règles administratives. Les viticulteurs en appellent donc au dialogue avec l’administration, pour favoriser des solutions rapides et concrètes. La question des assurances constitue un autre enjeu. « L’assurance aléa climatique est actuellement calculée pour une période de dix ans, le délai est beaucoup trop long. Il se passe tellement de choses différentes en dix ans, nous sommes dans l’instabilité », confie un vigneron, qui préfère rester anonyme sur ce sujet sensible.