En période de sécheresse record, une pelouse d’un vert impeccable est forcément suspecte. Les greens des parcours de golf ont fait les frais d’une polémique ces dernières semaines, et le Stade rennais a été pris en flagrant délit d’arrosage illicite de ses terrains d’entraînement, le 19 juillet en plein jour, par l’association Eau et rivières de Bretagne. Le club a reconnu « une erreur » et a promis de s’amender.
En pleine #canicule et alors que #illeetvilaine est en alerte sécheresse le @staderennais arrose à 15h30 ses terra… https://t.co/ZqX0v65R8J
Difficile, aujourd’hui, d’échapper à l’effort de sobriété national. La ministre des sports, Amélie Oudéa-Castera, a envisagé, le 26 juillet sur Franceinfo, l’interdiction des compétitions en nocturne, à fin d’économies d’énergie et d’exemplarité. De quoi faire frémir le football et le rugby professionnels : sans matchs le soir, les droits de télévision perdraient beaucoup de leur valeur.
Si le terrain de football sert d’unité de mesure pour la déforestation ou les incendies, le football lui-même n’est pas prêt à servir d’étalon à la transition écologique. Et il n’échappe pas à un examen critique de son empreinte, surtout à l’approche d’une Coupe du monde au Qatar (20 novembre – 18 décembre) très décriée sur ce plan.
Recours immodéré au transport aérien
En pleine crise de l’énergie et de l’eau, les ressources consommées pour l’éclairage et l’entretien des pelouses retiennent l’attention. Mais la construction des stades et le transport des spectateurs constituent les deux premiers postes d’émissions de CO2 du football. L’acheminement du public représente 80 % de celles liées à l’organisation d’un match, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) – à quoi s’ajoutent la restauration et les déchets produits lors de ces événements de masse.
Côté symboles, la discipline tend le ballon pour se faire battre. Les footballeurs exhibent bien volontiers leurs vies très carbonées, tel Karim Benzema qui essuya des critiques en publiant, le 2 juillet, une vidéo de ses virées en Ferrari, en 4 × 4, en jet privé et en jet-ski à Miami. Ou Kylian Mbappé, en septembre 2021, qui publiait une « story » le montrant dans un avion pour effectuer un Strasbourg-Paris.
Le recours immodéré des équipes au transport aérien est lui aussi un peu trop visible. « Paris-Lens en avion, le PSG met un coup de boule dans le climat », avait déploré Greenpeace France en janvier 2021. Sans parler du car officiel qui fait souvent l’aller-retour à vide pour assurer les petits trajets sur place… Ceux qui préfèrent le train sont si rares (4 % des trajets en 2019-2020 en Ligue 1 et Ligue 2, selon la Ligue de football professionnel) que ces voyages font l’événement, comme celui du Stade rennais à Paris en février. La SNCF propose pourtant de privatiser et d’aménager des TGV, à des tarifs compétitifs.
Il vous reste 67.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.