Des milliers de litres d’eau déversés sur les routes du Tour de France en pleine période de sécheresse, des polémiques autour de l’arrosage des terrains de football et de golf… L’été 2022 met particulièrement en lumière les conséquences du dérèglement climatique sur la pratique sportive. Chercheuse à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et responsable du programme climat, énergie et sécurité, Julia Tasse oriente ses travaux de recherche sur les interactions entre sécurité et climat. Elle a également codirigé l’Observatoire géopolitique des enjeux des changements climatiques en termes de sécurité et de défense.
L’été 2022 marque-t-il un tournant dans la nécessité d’une prise de conscience écologique dans le sport ?
Comme dans beaucoup de secteurs, il est frappant de voir l’ampleur des conséquences de la sécheresse sur la pratique sportive. Il y a une double prise de conscience : à la fois de la part des instances, qui voient de nouvelles contraintes émerger, et du grand public, qui se rend compte des conditions idéales dans lesquelles un sport pouvait se pratiquer, des changements que le dérèglement climatique va impliquer et des passe-droits accordés au milieu sportif. Cette prise de conscience s’est amorcée avec certains événements comme l’organisation de la Coupe du monde au Qatar [du 20 novembre au 18 décembre] et la climatisation des stades. Une partie de la population s’est rendu compte qu’on ne pouvait pas faire de sport à certains moments de la journée dans une partie du globe.
Serons-nous désormais confrontés à ce type de débat chaque année ?
Ces problématiques vont se poser dès les mois à venir, en anticipation d’une sécheresse éventuelle, avec la question de la priorisation des accès à l’eau. Quand on demande à certains secteurs de faire des efforts, est-il juste de faire des exceptions pour d’autres ? A qui est-il plus important de donner accès à une certaine quantité d’eau : l’agriculteur ou le green de golf ?
Les conséquences du sport sur l’environnement ont-elles été sous-estimées ?
Cette difficulté à rendre compte des conséquences d’une activité sur le climat n’est pas spécifique au sport. Ce qui est particulier à ce milieu, c’est que le grand public n’a pas toujours conscience de l’empreinte carbone des athlètes professionnels et des grands clubs, qui se déplacent par avion en continu. De plus en plus de personnes se posent la question de l’image que renvoient certains sportifs. Quels rêves vendent-ils et à quel prix pour l’environnement ?
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