in

Le casse-tête de la lutte contre les rats en ville


Un rat dans le square au pied de la tour Saint-Jacques, à Paris, en 2016.

« Vous avez vu ? Un rat vient de passer ! » Jacques D’Allemagne et Sylvain Clama, membres fondateurs de la « brigade citoyenne de dératisation » du 17e arrondissement de Paris, s’aventurent, impavides, dans un bosquet. Leur mission : identifier des terriers pour de futures interventions. Ici, les rats créent du lien, selon Sylvain Clama, très attaché au caractère citoyen et participatif de cette « brigade », qui regroupe une dizaine de bénévoles depuis 2018. Il dit ne pas détester ces rongeurs, mais le quadragénaire, comédien de profession, estime que leur présence dans les rues n’est pas anodine, notamment pour des raisons sanitaires.

Ces préoccupations de salubrité publique ont été mises en avant par l’Académie nationale de médecine dans un communiqué diffusé en juillet, en réaction aux propos d’une élue du Parti animaliste au Conseil de Paris, laquelle appelait à développer des méthodes de lutte non létales contre les « surmulots ». Selon l’institution, « le rat reste une menace pour la santé humaine en raison des nombreuses zoonoses transmissibles par ses exoparasites, ses déjections, ses morsures ou ses griffures ».

Lire aussi la chronique : Article réservé à nos abonnés Débarrassées des rats, les îles Eparses retrouvent leur biodiversité

L’inquiétude principale porte sur la leptospirose, une maladie bactérienne grave, « la plupart du temps contractée lors d’activités en relation avec un environnement souillé par l’urine d’animaux contaminés, notamment l’eau douce », explique une plaquette consacrée au sujet en juin 2022 par le ministère de la santé. « C’est une zoonose dont les rongeurs et les rats sont le principal réservoir », observe Mathieu Picardeau, responsable du Centre national de référence (CNR) de cette maladie à l’Institut Pasteur.

Autrefois pathologie professionnelle, surnommée « maladie des égoutiers », la leptospirose touche dorénavant un public plus large, pratiquant des activités d’eau douce, « de loisirs ou travaillant dans la pisciculture », explique le responsable du CNR.

Chiffrer relève de la gageure

Si la maladie se développe principalement dans les zones tropicales, « on a quelque 600 cas par an en France métropolitaine », indique Mathieu Picardeau. Les cas de leptospirose ont presque doublé ces dernières années dans l’Hexagone, avec une incidence d’environ 1 cas pour 100 000 habitants par an, qui n’avait pas été atteinte depuis 1920.

Pour le spécialiste, une telle incidence est « multifactorielle » : « Il y a plus de diagnostics du fait d’une meilleure sensibilisation. De même, le changement climatique est un facteur important pour cette maladie », car il favorise les inondations, propices à la maladie. Pour Bobby Corrigan, consultant spécialisé dans les programmes de gestion des nuisibles, « il y a plus d’habitants dans les villes, donc plus de déchets, et nous avons eu une décennie d’hivers cléments, ce qui aide les rats à prospérer…  »

Il vous reste 54.29% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

What do you think?

Written by Stephanie

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Paralysé par une cyberattaque, le Centre hospitalier de Corbeil-Essonnes ne versera pas de rançon

Combien de lunes la Terre pourrait-elle avoir au maximum ?