Sept femmes, chercheuses et créatrices littéraires, navigueront sur le golfe Saint-Laurent au cours des 20 prochains jours à la recherche de microplastiques pour l’Expédition Bleue, une mission scientifique et artistique.
«On s’attend quand même à trouver des berges très polluées par la pollution plastique, notamment l’industrie de la pêche, la restauration rapide, les produits de salle de bain», a indiqué l’instigatrice de cette mission, Anne-Marie Asselin, quelques heures avant le départ du navire «ÉcoMaris», à Sept-Îles.
Les scientifiques poursuivent des études amorcées il y a quatre ans qui ont déjà bien documenté la situation dans le fleuve et l’estuaire du Saint-Laurent.
«Nous, on avait déjà commencé, entre Montréal et Cacouna, à faire ces tests», a mentionné la chercheuse et docteure en chimie, Laura Rowenczyk. «Finalement, on ne retrouve pas énormément de petits morceaux de plastique. C’était de l’ordre maximum de 30 microplastiques par 1000 litres. On n’est pas sur des quantités encore exceptionnellement grandes.»
Mais dans le golfe, particulièrement dans les zones peu habitées, les données sont plus rares.
«Ça nous intéresse de vraiment voir ce qui se passe dans le golfe pour voir si on a des taux qui sont très importants. À l’île d’Anticosti, il y a un gyre océanique qui est des courants tourbillonnants qui vont concentrer les pollutions. On aimerait avoir des données à cet endroit-là pour voir si on ne dépasse pas les 100 particules par 1000 litres», a ajouté Laura Rowenczyk.
Le but de l’Expédition Bleue est également de témoigner des changements climatiques. Des créatrices littéraires s’inspireront de l’environnement et des travaux scientifiques et créeront des «microrécits», à l’image des microplastiques.
«On va écrire des textes littéraires, courts, mais denses, en résonnance avec tout ce qu’on va vivre sur le bateau», a expliqué la professeure en création littéraire, Camille Deslauriers. «On s’attend à être déstabilisées. On l’est déjà et on n’est pas parties. Mais c’est bien, être déstabilisé, c’est une posture pour les créatrices et créateurs qui est très fertile et très inspirante.»
Les œuvres littéraires et le documentaire qui seront produits pendant l’expédition parleront d’égalité des genres et d’inclusivité.
«Le message qu’on veut porter, c’est inspirer les jeunes filles et les femmes à entreprendre des carrières dans le milieu scientifique et également de la création. Et simplement d’élever les voix des femmes des communautés sous-représentées dans le cadre de la crise climatique», a précisé Anne-Marie Asselin.
En plus de l’île d’Anticosti, les membres de l’Expédition Bleue se rendront au large de communautés de la Basse-Côte-Nord et de Terre-Neuve. Le voyage se terminera le 11 septembre aux Îles-de-la-Madeleine.