La sécheresse qui touche la moitié de l’Europe « semble être la pire depuis 500 ans », avance le Centre commun de recherche de la Commission européenne. Pour confirmer cet accablant constat, il faudra attendre la fin de la saison, mais quelques pluies ne suffiront sans doute pas à remplir les rivières ni à rendre leur humidité aux sols avant l’automne.
Or, selon ces observations rendues publiques mardi 23 août par l’organisme bruxellois, la France, qui a beaucoup souffert des incendies depuis le début de l’été, figure parmi les pays les plus touchés. Elle a reçu 33 % de précipitations de moins que la moyenne de janvier à juillet et le phénomène concerne tout le territoire métropolitain, ce qui est inédit.
Les mesures de restriction d’eau touchent actuellement 93 départements, dont 78 sont « en crise », le niveau le plus élevé sur l’échelle des alertes sécheresse. A ce stade-là, il est interdit d’arroser potagers, espaces publics et golfs privés, de laver à grande eau sa voiture, sa terrasse, de remplir sa piscine, d’alimenter mares et fontaines, d’irriguer les cultures… à moins de bénéficier d’une dérogation sur décision préfectorale.
Dès le printemps, des élus locaux, anticipant les difficultés de l’été, avaient réservé des camions-citernes et commandé quantité de bouteilles d’eau minérale. A l’heure actuelle, 117 communes – souvent des villages – sont privées d’eau potable et des « quantités d’autres » suscitent des inquiétudes pour les semaines à venir, a indiqué Christophe Béchu, le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, lors d’un déplacement dans l’Aude le 23 août. Répondant à BFM TV, il a mis en avant la question des fuites dans les réseaux. Le taux de perte est en effet de 20 % en moyenne en France, autrement dit un litre sur cinq n’atteint pas son but, soit 937 millions de mètres cubes par an.
Usages inadaptés
Selon l’Observatoire des services publics de l’eau et de l’assainissement, toutes les autorités locales n’ont pas une connaissance fine de leur patrimoine, qui peut dater des années 1950. Viser un rendement de 100 % serait néanmoins illusoire dans les 895 000 kilomètres de canalisations d’eau potable, et les 423 000 kilomètres de canalisations pour l’assainissement, scrutés par des drones flottants ou volants, des détecteurs acoustiques et des outils d’intelligence artificielle.
Au demeurant, les performances françaises tiennent la comparaison avec celles des pays voisins. Elles sont variables selon les territoires, meilleures dans les grandes agglomérations où elles peuvent atteindre plus de 90 %, comme à Paris, que dans les zones rurales qui peinent à financer la réhabilitation de leurs infrastructures. Les taux de fuite grimpent aux alentours de 50 % dans les Antilles, à La Réunion, entre 50 % et 70 % dans les Alpes-de-Haute-Provence, la Meuse, le Cantal.
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