Des analyses complémentaires doivent être menées ce week-end dans un laboratoire de Buenos Aires pour tenter de déceler l’agent pathogène à l’origine des cas observés. À ce jour, les contaminations restent centrées autour d’un hôpital.
Située à San Miguel de Tucumán, dans le nord de l’Argentine, la clinique privée Luz Medica est actuellement sous le feu des projecteurs, après qu’au moins 9 cas d’une pneumonie d’origine encore inconnue y ont été détectés. Une situation d’autant plus scrutée que la létalité est importante: trois personnes atteintes par la maladie sont mortes. Il s’agit de deux soignants officiants dans la clinique, et d’une patiente âgée de 70 ans, soupçonnée d’être le “patient zéro”.
“La province traverse une situation difficile”, a reconnu Luis Medina Ruiz, le ministre provincial de la Santé.
Une pneumonie d’origine inconnue, se déclarant dans un pays étranger… Le scénario qui se dessine actuellement en Argentine peut rappeler les prémices de la pandémie de Covid-19. Mais les experts appellent à ne pas céder à la panique.
De graves infections pulmonaires
“Dès qu’on a des soignants dans un hôpital qui présentent une pneumonie, on est en droit de penser qu’il s’agit d’un épisode épidémique”, explique Jean-Pierre Thierry, consultant santé pour BFMTV.
“Mais on peut remarquer que les autorités locales ont très bien réagi. Elles ont très bien géré la situation, en mettant en place les protocoles à appliquer dans ces moments-là”, continue-t-il.
Comme le rapporte un communiqué de l’organisation panaméricaine de santé, rattachée à l’OMS, les symptômes chez les premiers malades se sont déclenchés entre le 18 et le 22 août: fièvre, douleur musculaire, douleurs abdominales et difficultés à respirer. Six patients présentaient une pneumonie bilatérale, c’est-à-dire touchant simultanément les deux poumons, avec une “imagerie très similaire au Covid”, a indiqué Luis Medina Ruiz. L’organisation panaméricaine de la santé ajoute que les personnes mortes présentaient toutes des facteurs de co-morbidités.
Plusieurs tests ont été réalisés pour tenter de déceler l’origine de la mystérieuse maladie, mais ils sont tous revenus négatifs. Covid-19, grippe, influenza de type A et B ainsi que l’hantavirus, transmis par les rongeurs, ont ainsi été écartés.
La piste de la légionellose?
Des examens approfondis sont désormais menés à l’Institut Malbran de Bueno Aires, le laboratoire argentin de référence. Une situation qui n’a rien d’exceptionnel. “On ne peut pas tester d’un coup l’ensemble des pathogènes connus”, souligne dans L’Express l’épidémiologiste Mircea Sofonea.
Le ministre de la Santé de Tucuman a estimé mercredi que l’origine de la pathologie pourrait être un agent infectieux, mais que n’étaient pas exclues “des causes toxiques, environnementales”.
“Une des causes possibles de cette maladie, c’est la légionellose”, indique Jean-Pierre Thierry. “Des situations similaires se déclenchent deux à trois fois par an. Il s’agit de cas sporadiques, où des soignants peuvent être touchés.”
Cette infection pulmonaire grave est causée par une bactérie, nommée Legionella. Elle n’est pas contagieuse d’une personne à l’autre, comme le rappelle le ministère des Solidarités et de la Santé, mais peut se contracter suite à l’inhalation d’aérosols d’eau. Plus concrètement, prendre une douche avec de l’eau contaminée peut déclencher la maladie.
Fin 2003-début 2004, une épidémie avait par exemple fait 18 morts dans le Pas-de-Calais. Les responsables d’une usine pétrochimique avaient été condamnés, accusés d’avoir répandu la bactérie via des tours aéroréfrigérantes.
“Une contamination locale”
En Argentine, aucun cas n’a pour l’instant été identifié en-dehors des personnes ayant côtoyé la clinique Luz Medica. “Pour l’instant, ça a l’air limité”, explique Jean-Pierre Thierry.
“Nous n’avons pas à faire à une maladie qui se transmet de personnes à personnes”, a d’ailleurs appuyé Hector Sale, président de l’université de médecine de la province de Tucumàn, comme le rapporte la BBC.
“Ça reste mystérieux, car l’agent pathogène est encore inconnu”, admet Jean-Pierre Thierry. “Mais il n’y a aucune raison de s’inquiéter, car à ce jour, tous les cas ont été identifiés dans l’établissement. On est plutôt face à une contamination locale. Nous n’avons pas les caractéristiques d’une pandémie qui se diffuserait”, conclut-il.