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[EN VIDÉO] Voiture à hydrogène : une station-service hybride testée en Suisse Comme d’autres nations, la Suisse se prépare à l’arrivée massive des véhicules électriques et à hydrogène pour lesquels il faudra développer un réseau de distribution d’énergie. C’est dans cette perspective que l’École polytechnique fédérale de Lausanne a entrepris de tester un concept de station-service capable de recharger les voitures en électricité ou en hydrogène produits sur place et sans émissions de dioxyde de carbone.
À la pompe, les prix flambent. Dans les concessions, les acheteurs de voitures neuves se font de plus en plus rares. Les immatriculations sont en baisse depuis plus d’un an. Quelque 170.000 en juin 2022 contre près de 200.000 en juin 2021. C’est presque 15 % de moins. Seules les voitures électriques tirent leur épingle du jeu.
Les immatriculations de voitures à hydrogène, quant à elles, restent encore confidentielles en France. Le prix du plein viendra-t-il doper les ventes ? « Aujourd’hui, nous sommes en mesure de proposer un plein à 75 euros », nous assure Camille-Léa Passerin, la directrice du développement de HYSETCO. La start-up française n’est ni plus ni moins que l’un des leaders européens de la mobilité hydrogène. Un plein à 75 euros, ça ferait presque rêver. Mais, au fait, un plein d’hydrogène, ça correspond à quoi ? « Un taxi consomme environ 1,2 kilogramme d’hydrogène aux 100 kilomètres. Avec un réservoir de 5 à 6 kilos, cela lui assure une autonomie réelle de 500 kilomètres environ », nous précise Camille-Léa Passerin.
Mais pourquoi donc la directrice du développement de HYSETCO nous parle-t-elle de taxis ? Parce que c’est bien l’exemple qu’elle connait le mieux. La start-up, en effet, a développé une sorte de service clé en main à destination des chauffeurs de taxi. Des stations de distribution d’hydrogène d’une part et une flotte de véhicules qu’elle entretient et qu’elle loue à des clients professionnels d’autre part. « L’hydrogène répond particulièrement bien à des besoins intensifs. Ceux de professionnels qui cherchent une bonne autonomie et qui ne peuvent pas se permettre d’attendre une demi-heure que leur batterie se charge. » L’expérience à la pompe à hydrogène est en effet sensiblement la même que celle à la pompe à essence. « Le plein se fait en 5 minutes à peine. »
Des coûts qui doivent encore baisser
Pour réellement convaincre, il faut toutefois que aussi que le maillage des stations de recharge soit suffisant. « Les premiers chauffeurs de taxi à choisir l’hydrogène l’ont fait parce qu’ils trouvaient une station sur leur chemin », nous explique Camille-Léa Passerin. Aujourd’hui, HYSETCO opère quatre stations dans la région parisienne. Environ 7 tonnes d’hydrogène délivré chaque mois à quelque 200 taxis. L’ambition : élargir le réseau à douze stations d’ici 2024. Douze stations et plusieurs milliers de véhicules.
« Pour l’heure, la gamme est plus que restreinte », nous confie la directrice du développement de HYSETCO. Seulement deux véhicules sont disponibles à la vente, une berline (Toyota Mirai) et un SUV (Hyundai Nexo). « Mais d’autres se positionnent sur le créneau de l’utilitaire à hydrogène, notamment. Parce que, là aussi, l’hydrogène a un vrai rôle à jouer. Par rapport à l’électrique, il permet non seulement de garder une belle autonomie, mais aussi de ne pas perdre en charge utile. » Parce qu’un réservoir à hydrogène, même plein, ne pèse pas aussi lourd que la batterie nécessaire à un véhicule électrique.
Pour le particulier toutefois, Camille-Léa Passerin le consent, « la voiture électrique à batterie reste aujourd’hui une alternative “zéro émission” plus accessible que l’hydrogène ». Elle le restera au moins aussi longtemps que l’offre de véhicules et le maillage en station de recharge hydrogène ne sera pas suffisant. Et tant que l’industrialisation encore trop limitée de la filière ne permettra pas de faire baisser les coûts d’acquisition d’un véhicule à hydrogène. « Pour l’instant, la filière doit encore être subventionnée. Mais avec les réglementations qui, de plus en plus, imposent de trouver des alternatives aux moteurs thermiques, elle va s’industrialiser et les coûts vont baisser, nous explique la directrice du développement de HYSETCO. Déjà, la Toyota Mirai 2 coûte près de 15 % moins cher que la Toyota Mirai 1 ».
Le prix de l’hydrogène à la pompe est, quant à lui, assez… artificiel. « Parce que nous sommes subventionnés. Parce que nous ne pouvons pas non plus encore vendre l’hydrogène que nous aimerions distribuer [ndlr : un hydrogène plus vert dont il sera question dans un prochain sujet], reconnait Camille-Léa Passerin. Nous proposons un plein à 75 euros, ce qui correspond à environ 15 euros le kilogramme d’hydrogène (€/kg). Mais l’objectif fixé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) est de l’ordre de 9 €/kg ». Soit finalement, un plein qui pourrait se faire à terme, à seulement… 45 euros !
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