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[EN VIDÉO] La maladie de Parkinson La maladie de Parkinson est la seconde maladie neurodégénérative la plus répandue, derrière la maladie d’Alzheimer.
Joy Milne est une infirmière de 72 ans qui vit en Écosse. Elle a un odorat hypersensible, un don autant qu’un calvaire. Son hyperosmie l’empêche d’aller dans les parfumeries, mais il lui a permis de détecter un changement d’odeur chez son mari, Les, quand celui-ci était alors âgé de 33 ans, en 1986. Une douzaine d’année plus tard, les médecins lui diagnostiquent la maladie de Parkinson.
Le super odorat de Joy Milne
La capacité olfactive hors du commun de cette femme a attiré l’attention des scientifiques de l’université de Manchester. En 2016, ils lui proposent de mettre à l’épreuve son odorat sur d’autres malades que son mari. Elle a senti le t-shirt de douze volontaires — six malades et six en bonne santé — et a su détecter la maladie de Parkinson avec 100 % de réussite.
Un des volontaires considérés comme malade par Joy ne l’était pas au moment du test mais il s’est vu diagnostiquer la maladie de Parkinson quelques mois plus tard. En 2019, la même équipe a montré que la maladie de Parkinson a sa propre signature olfactive, riche en périllaldéhyde et en eicosane, deux molécules qui ont une odeur musquée comparable à celle que Joy Milne a senti chez son mari.
Pourquoi la maladie de Parkinson modifie-t-elle l’odeur des personnes concernées ? À Manchester, les scientifiques ont analysé les molécules olfactives présentes sur la peau des parkinsoniens et ont observé qu’elles sont différentes des sujets sains, notamment dans les zones riches en sébum contre le front ou le haut du dos. En effet, la maladie de Parkinson peut être associée à une séborrhée, une production plus intense que la normale de sébum par la peau. Les expériences faites en 2019 ont été menées sur des échantillons de sébum prélevé sur le haut du dos des volontaires.
Un test simple et non-invasif pour diagnostiquer la maladie de Parkinson
La composition du sébum pourrait alors être un biomarqueur de la maladie de Parkinson. Une perspective intéressante mais faut-il encore développer un test pour le sébum afin de l’analyser de façon précise. C’est l’objet du dernier travail de recherche de l’équipe de Manchester, toujours en collaboration avec Joy Milne, publié le 7 septembre 2022 dans le journal de l’American Chemical Society.
Grâce à la spectrométrie de masse, des écouvillons passés dans la nuque et le dos des patients sont analysés en quelques minutes et permettent de connaître la composition du sébum et de voir s’il présente les caractéristiques de la maladie de Parkinson. Testé sur 150 volontaires, parkinsosiens ou non, à travers tout le Royaume-Uni, le test montre que le sébum des malades est bel et bien différent de celui des sujets sains.
Outre les molécules odorantes identifiées en 2019, les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ont un sébum plus riche en triacylglycérides et diglycérides. Ces résultats sont très préliminaires et un test aussi simple que celui-ci pour détecter la maladie de Parkinson ne sera pas disponible avant longtemps. Mais s’il se concrétise, il pourrait permettre aux patients d’être mieux pris en charge car le diagnostic de Parkinson tombe souvent quand les dégâts neurologiques sont déjà importants.
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