L’usine de pompage de Mauves-sur-Loire, en Loire-Atlantique, est en alerte depuis plusieurs jours. C’est elle qui alimente en eau potable 85 % des 656 000 habitants de la métropole nantaise, mais aussi ceux du nord-ouest du département. En plus de la sécheresse qui a réduit de manière spectaculaire le débit de la Loire cet été, la station de pompage est confrontée à un autre phénomène naturel qui complique sérieusement le travail des agents chargés de la qualité de l’eau potable. Les grandes marées de ces dimanche 11 et lundi 12 septembre, avec des coefficients qui atteignent 105, ont pour effet de repousser l’eau de mer loin dans l’estuaire du fleuve, accroissant sa turbidité et la difficulté à la traiter pour la rendre consommable. Pas de panique cependant, comme l’explique Robin Salecroix, vice-président (PCF) de Nantes Métropole chargé de l’eau et de l’assainissement : « On n’est pas à la veille d’une rupture de l’alimentation en eau potable, mais nous sommes dans un contexte très particulier, c’est vrai. »
En poussant l’eau salée loin dans le lit du fleuve, dont le débit est encore très faible, les grandes marées font remonter un bouchon vaseux vers le lieu de pompage. « C’est un phénomène naturel des estuaires marnants [espaces recouverts et découverts par la marée] », explique le groupement d’intérêt public Loire Estuaire, qui regroupe les services de l’Etat et les collectivités qui bordent le fleuve jusqu’à son embouchure, à Saint-Nazaire, sur son site Internet. « Issues de l’érosion des sols du bassin-versant, les particules de vases apportées par le fleuve se regroupent entre elles en présence d’eau salée. Sous l’action des courants de marée ou de crue, ces sédiments sont mis en suspension dans la colonne d’eau et constituent alors le bouchon vaseux. »
Les récentes pluies et les derniers lâchers d’eau en amont, dans l’Allier notamment, ont permis d’améliorer le débit du fleuve (entre 115 et 120 m3 par seconde actuellement, il était passé sous la barre des 100 m3 par seconde à la mi-août) mais il reste trop faible pour contrer efficacement la remontée de ce bouchon vaseux qui s’étire sur une soixantaine de kilomètres.
« Nos services sont sur le pont pour préserver la ressource, reprend Robin Salecroix. La situation est tendue et nous réitérons nos conseils pour que chacun économise l’eau. Nous avons rempli les stockages au maximum et on a des prises d’eau de secours, au cas où. On analyse de très près la situation. » Si la fin des grandes marées est prévue le 16 septembre, le problème reste néanmoins entier avec la répétition des épisodes de sécheresse. « On a déjà connu ça en 2019 », confirme l’élu nantais. « Ça nous a permis de nous poser les bonnes questions. Nous allons doubler les investissements de la métropole pour améliorer la gestion et la distribution d’eau potable sur le territoire et anticiper les évolutions. »
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