Le sujet est épineux à court terme. Le défi est socialement explosif dans le futur. Depuis plusieurs semaines, à l’ombre des vagues de chaleur, une partie des Français s’est mise à s’interroger sur ses comportements, mais aussi à observer ceux des autres. Au printemps, le compte Instagram @laviondebernard a commencé à publier tous les trajets en jet privé du patron de LVMH Bernard Arnault, troisième fortune du monde en pointant le dégagement de CO2 de son appareil. Par exemple, Genève-Nice (1,5 tonne), puis Nice-Paris, le 3 septembre (3,5 tonnes).
Lundi 5 septembre, à une question sur les trajets en avion privé de son équipe, l’entraîneur du PSG Christophe Galtier a souri, levé les yeux puis s’est pincé le nez devant sa star Kylian MBappé : « On est en train de voir si on ne peut pas se déplacer en char à voile. » Du coup, BFM-TV a invité le patron de la fédération de char à voile pour avoir sa réaction et Greenpeace a offert cet engin de plage à l’entraîneur. « La vidéo du PSG montre quel chemin il nous reste à faire au niveau de la prise de conscience…, estime Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique. Mais les réactions prouvent aussi la grande sensibilité des Français à cet enjeu. Il y a trois ans, ce genre de réponses n’aurait pas provoqué autant d’émotion. »
Le choix de l’incitation
Ces signes d’hypersensibilité face au risque de « séparatisme » climatique des catégories les plus aisées de la population arrivent à un moment délicat pour le gouvernement. Avec la crise énergétique, conséquence entre autres de la guerre en Ukraine, l’exécutif est contraint de jouer une nouvelle fois la carte de la solidarité nationale pour atteindre son objectif de sobriété – 10 % de réduction de consommation d’énergie d’ici 2024 – et éviter les délestages cet hiver. « On doit tous se bouger ! », a lancé Emmanuel Macron, lundi 5 septembre, avant de demander à ses concitoyens de « mettre la climatisation et le chauffage un peu moins fort que d’habitude ». Devant le Medef, lundi 29 août, Elisabeth Borne a de son côté appelé les entreprises à prendre leur part.
Pour obtenir la « mobilisation » de tous, le gouvernement a choisi d’être dans l’incitation et de ne pas faire de différenciation entre les catégories sociales, même si « évidemment, les Français en précarité énergétique ne sont pas ceux qui devront encore faire des efforts », a souligné la première ministre, le 29 août. Tout au long de l’automne, les citoyens seront donc invités à réduire leur consommation avec des « écogestes ». Le ministère de la transition énergétique, chargé du plan sobriété, a aussi créé neuf groupes de travail (Etat, industrie, transport, logement, etc.) pour réfléchir avec les administrations et les entreprises à la façon de réduire leur consommation. Mme Borne ayant prévenu devant le Medef que les entreprises seraient les premières concernées en cas de coupure, tout le monde joue le jeu. Mais aucune réponse plus globale avec des contraintes n’est prévue pour le moment.
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