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Tandis que l’aide internationale s’organise pour secourir le Pakistan, victime d’inondations historiques ayant fait plus de 1 300 morts, la ministre du Changement climatique Sherry Rehman alerte sans relâche sur les inégalités Nord / Sud et demande des comptes aux entreprises les plus polluantes.
Elle est en première ligne dans la crise que traverse le Pakistan. Omniprésente dans les médias internationaux, la ministre du Changement climatique, Sherry Rehman, est devenue ces derniers jours le porte-voix des pays les plus vulnérables face au dérèglement climatique.
“La priorité, c’est de nourrir, loger et soigner des millions de réfugiés climatiques”, a expliqué mercredi la sénatrice et ancienne ambassadrice à Washington, lors d’un entretien accordé à la BBC.
Of course we could develop better,but that does not detract from the climate science of the issue: that we did not create this or deserve this,nor can we cope alone. The issue right now is feeding, housing and healthcare for what are millions of climate refugees. @BBCWorld pic.twitter.com/5Icief6Fps
— SenatorSherryRehman (@sherryrehman) September 7, 2022
Environ 33 millions de personnes ont été touchées par des inondations colossales provoquées par des pluies diluviennes de mousson survenues après plusieurs mois de sécheresse.
Si l’urgence est aujourd’hui humanitaire, Sherry Rehman manque cependant rarement une occasion de rappeler l’autre urgence : celle du climat et de ses conséquences très concrètes pour les pays les plus pauvres de la planète.
“Le changement climatique ne connaît pas de frontières. L’heure de rendre des comptes est arrivée. Ce que nous vivons est la nouvelle normalité”, a-t-elle alerté lors d’une conférence de presse.
Figure de la politique pakistanaise
Nommée en avril ministre du Changement climatique par l’ancien Premier ministre Imran Khan, Sherry Rehman est un visage bien connu de la vie politique pakistanaise. Membre du gouvernement civil ayant succédé au régime militaire de Pervez Musharraf, cette figure du Parti du peuple pakistanais (PPP) a été porte-parole de Benazir Bhutto, l’ancienne Première ministre assassinée en 2007.
En 2010, elle accède malgré elle à la notoriété internationale en militant pour la suppression de la peine de mort de la loi sur le blasphème, dans le sillage de l’affaire Asia Bibi, cette chrétienne condamnée à la peine capitale pour une prétendue offense envers le prophète Mahomet. Pour ce combat, Sherry Rehman est menacée de mort et doit vivre sous constante protection policière.
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Engagée dans la lutte contre les crimes d’honneur, Sherry Rehman continue de militer activement en faveur des droits des femmes. Elle a récemment publié “Womansplaining”, un ouvrage collectif sur l’histoire du militantisme des femmes pakistanaises.
La COP27 en ligne de mire
Si le combat féministe n’est jamais bien loin, ce sont désormais les enjeux climatiques qui accaparent la nouvelle ministre. “Les gros pollueurs qui essaient de verdir leurs émissions ne peuvent plus fermer les yeux et les entreprises dont les profits dépassent le PIB de nombreux pays doivent prendre leurs responsabilités”, explique l’ancienne journaliste dans un entretien accordé au quotidien britannique The Guardian.
Sherry Rehman compte bien imposer le sujet lors de la prochaine conférence des Nations unies sur les changements climatiques, la COP27, qui se déroulera en novembre dans la ville égyptienne de Charm el-Cheikh. Selon elle, “le marché conclu entre le Nord et le Sud ne fonctionne pas”.
En 2009, les pays du Nord avaient promis de porter leur aide climat au Sud à 100 milliards par an à partir de 2020. Mais cette promesse n’a toujours pas été honorée.
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Alors que les pays les plus pauvres sont les plus exposés au dérèglement climatique, ils ne représentent qu’une part marginale des émissions mondiales de CO2. Selon une étude de l’ONG Germanwatch, le Pakistan figure en huitième position des pays les plus menacés par les phénomènes météorologiques extrêmes.