La pollution atmosphérique n’a pas fini de faire parler d’elle. Une étude met en cause l’exposition aux polluants de l’air ambiant pendant les six premiers mois de la vie sur le microbiote intestinal des nourrissons.
L’exposition aux polluants atmosphériques n’altère pas seulement le microbiote intestinal des adultes, mais également celui des nourrissons. C’est la conclusion d’une nouvelle étude américaine parue dans Gut Microbes. Elle fournit les premières preuves d’associations significatives entre les polluants de l’airair ambiant inhalés (tels que ceux provenant du trafic, des feux de forêt et de l’industrie) et la composition du microbiote intestinal des nourrissons, ce qui pourrait impacter leur développement et leur santé.
Le rôle du microbiote intestinal est central, à l’interface de plusieurs systèmes physiologiques, dont les systèmes immunitaire, endocrinienendocrinien et nerveux. Si, à la naissance, un nourrisson « héberge » peu de bactériesbactéries, son microbiote intestinal va se développer au cours des deux ou trois premières années de vie. Notamment, l’exposition au lait maternellait maternel, aux aliments solidessolides, aux antibiotiques et à d’autres influences environnementales détermine les micro-organismesmicro-organismes qui s’installent dans l’intestin. Ces derniers influencent ensuite des systèmes corporels qui gouvernent la cognition, l’immunité, l’appétit, la sensibilité à l’insulineinsuline et l’humeur.
L’exposition aux particules fines impacte la composition des bactéries du microbiote
L’étude visait à examiner les relations entre le microbiote intestinal du nourrisson à l’âge de 6 mois, et son exposition rétrospective aux particules de diamètre inférieur à 2,5 et 10 µm – les PM2,5 et PM10PM10 – et au dioxyde d’azoteazote pendant les six premiers mois de sa vie. Les chercheurs ont obtenu des échantillons de matièresmatières fécales de 103 nourrissons en bonne santé (principalement nourris au sein), puis ont utilisé le séquençageséquençage génétique pour les analyser. En fonction de l’adresse des bébés, ils ont estimé leur exposition aux particules finesparticules fines à l’aide des données du système de qualité de l’air de l’Agence américaine de protection de l’environnement.
« Dans l’ensemble, nous avons constaté que l’exposition à la pollution de l’air ambiant était associée à un profil microbien intestinal plus inflammatoire, ce qui peut contribuer à toute une série d’effets néfastes futurs sur la santé », a relaté l’auteur principal Tanya Alderete, professeur adjoint de physiologie intégrative. Par exemple, l’exposition aux PM10 était positivement associée à un micro-organisme impliqué dans l’inflammationinflammation. Les nourrissons les plus exposés aux PM2,5 manquaient d’une bactérie bénéfique, connue pour diminuer l’inflammation et contribuer au développement neurologique.
Implications à long terme sur la santé
On sait que certaines compositions du microbiote intestinal sont associées à la maladie de Crohn, à l’asthmeasthme, au diabètediabète de type 2 et à des maladies chroniques. Les chercheurs suggèrent que l’exposition à la pollution atmosphérique au cours des six premiers mois de la vie augmenterait le risque d’allergiesallergies, d’obésitéobésité et de diabète, et pourrait même influencer le développement du cerveaucerveau – comme il existe un lien entre intestin et cerveau.
Toutefois, des recherches supplémentaires devront déterminer si les modifications du microbiote de l’intestin pendant la petite enfance ont des effets durables, et quels sont ces effets. Pendant ce temps, il est recommandé d’éviter toute source de polluants intérieurs et extérieurs. Pour les jeunes mamans, Tanya Alderete conseille l’allaitement. « Le lait maternel est un moyen fantastique de développer un microbiote sain et peut contribuer à compenser certains des effets néfastes des expositions environnementales », a-t-il déclaré.