L’appétit des investisseurs pour l’élevage d’insectes ne se dément pas. InnovaFeed en témoigne, avec une nouvelle levée de fonds de 250 millions d’euros. L’opération, annoncée mardi 20 septembre, porte à 450 millions d’euros le montant total collecté par cette foodtech française créée en 2016. L’enjeu : continuer à défricher un nouveau terrain de jeu dans le monde agro-industriel, celui de l’élevage de la mouche soldat noire, autrement dénommée Hermetia illucens.
Pour déployer les ailes de sa production de protéines d’insectes sur le territoire français, InnovaFeed a choisi de s’implanter à Nesle, dans la Somme. L’usine a été inaugurée il y a presque deux ans, au deuxième semestre 2020. « Nous sommes en phase de montée en charge. Notre objectif cible, fixé en 2024, est d’atteindre une production de 100 000 tonnes d’ingrédients, dont 15 000 tonnes de protéines. Nous avons déjà investi 50 millions d’euros sur ce site, et allons doubler la mise », explique Clément Ray, cofondateur.
Lors de l’inauguration, il évoquait un objectif de chiffre d’affaires compris entre 30 millions et 50 millions d’euros en 2022. « Il est [aujourd’hui] inférieur à cette fourchette », réagit M. Ray, sans plus de précision. Il préfère évoquer le milliard d’euros de contrats négociés sur dix ans avec ses grands clients. A l’exemple des américains ADM et Cargill, qui souhaitent intégrer cette protéine d’insectes dans l’alimentation animale, que ce soit pour nourrir porcs, poissons ou chiens et chats.
Alimentation humaine
Justement, ADM et Cargill font partie du nouveau tour de table de la foodtech, même si leur investissement reste limité, les deux réunis pesant moins de 5 % du capital. Si cette nouvelle levée de fonds a été menée par QIA, le fonds souverain du Qatar, elle a aussi intéressé des investisseurs historiques d’InnovaFeed, comme le fonds souverain de Singapour, Temasek, ou Creadev, la société d’investissement de la famille Mulliez. Cet argent frais devrait favoriser le déploiement de la production en France, mais aussi aux Etats-Unis, où la construction d’un site devrait démarrer fin 2022, en partenariat avec ADM.
« Il nous faut aussi investir massivement en technologie. Dans notre effectif de 400 personnes, il y a beaucoup d’ingénieurs, et nous avons déposé une vingtaine de brevets », précise M. Ray. Les équipes planchent actuellement sur l’introduction de la protéine de mouche soldat noire dans l’assiette des consommateurs européens. Début 2022, l’entreprise a déposé un dossier de demande d’autorisation de mise sur le marché de l’alimentation humaine auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments.
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