Les accidents sont de plus en plus courants, dans les jardins ou les salles de jeux, selon les dernières enquêtes menées sur le sujet. Des médecins mettent en garde les parents.
Un accident de trampoline, ça peut être “extrêmement douloureux, au point de devoir donner de la morphine aux enfants”. Inquiet de l’augmentation des fractures pédiatriques liées à ces installations, un médecin lance l’alerte. Lui qui travaille aux urgences pédiatriques dans un hôpital du Nord prévient que certaines blessures peuvent nécessiter une opération et la pose de broches. “Ensuite, c’est au minimum six semaines de plâtre.”
Dans une série de tweets, il a mis en garde et rappelé – radios de jeunes patients à l’appui – que les trampolines étaient “l’un des premiers pourvoyeurs de fractures” dans ses services. Des installations dont, selon lui, les risques sont encore trop souvent minorés, voire ignorés.
“C’est un message de santé publique”, ajoute ce médecin. “On ne met pas un bébé qui sait tout juste marcher ou même un enfant de 3 ans sur un trampoline, ce n’est pas un jouet comme les autres.”
Des accidents “dramatiques”
Les accidents de trampolines sont effectivement de plus en plus fréquents: selon une étude française réalisée entre 2008 et 2016, ils ont été multipliés par dix en huit ans. Santé publique France recense 4154 cas chez des mineurs, entre 2004 et 2014, avec une surreprésentation des enfants âgés de 5 à 9 ans.
Le danger concerne aussi bien les trampolines installés dans les jardins que dans les salles de jeux. Même si, selon une autre étude, les accidents seraient plus graves lorsqu’ils se produisent dans un trampoline park, avec des fractures deux à trois fois plus fréquentes qu’à domicile.
“Les accidents sont nombreux et parfois graves ce qui entraîne une sur-consommation médicale, particulièrement aux urgences et dans les services de chirurgie pédiatrique”, s’alarme pour BFMTV.com Raphaël Vialle, chef du service de chirurgie orthopédique et réparatrice de l’enfant à l’hôpital Armand Trousseau, à Paris.
“Quelques accidents isolés peuvent être particulièrement dramatiques et conduire à un handicap lourd et définitif voire au décès en cas de traumatisme crânien grave”, ajoute le médecin.
Des fractures “en motte de beurre”
Une étude française, publiée cette année, a montré que dans 16% des cas, les lésions sont sévères et nécessitent une intervention chirurgicale sous anesthésie générale.
“Les enfants, propulsés vers le haut, perdent l’équilibre”, analyse le médecin lanceur d’alerte. “Ils placent les mains en extension pour se rattraper et retombent sur la membrane du trampoline.”
“C’est comme ça qu’on se retrouve souvent avec des fractures ‘en motte de beurre’ (un os qui se tord ou s’écrase sur lui-même, la fracture la plus courante chez les enfants, NDLR) des deux poignets”, poursuit l’urgentiste. “Mais j’ai aussi vu des fractures du tibia ou du fémur, c’est encore plus douloureux.”
Interdit aux moins de 6 ans?
Andreas Werner, président de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa), rappelle certaines règles impératives de sécurité pour BFMTV.com: un seul enfant sur le trampoline, toujours sous la surveillance d’un adulte, pour éviter tout salto ou figure dangereuse.
“Ça ne viendrait à l’idée de personne de laisser un enfant seul dans une piscine. Eh bien là, c’est pareil. Et il ne faut surtout pas sauter à plusieurs: qu’il s’agisse d’un enfant ou d’un adulte, ils peuvent se percuter. Et avec le rebond, l’enfant risque d’être éjecté.”
Mais “même en respectant les consignes de sécurité, c’est une activité sportive bien plus dangereuse que n’importe quel autre sport”, s’indigne-t-il pour BFMTV.com. “Un exemple: les ressorts sont rarement protégés, l’enfant peut tomber dessus et se faire d’autant plus mal.” Pour lui, les trampolines devraient purement et simplement interdits aux enfants de moins de 6 ans.