Et si le petit déjeuner était le repas le plus important de la journée pour des raisons psychologiques ? C’est ce que suggère une récente étude parue dans Cell Metabolism.
Souvenez-vous du vieux slogan qui suggère de manger comme un roi le matin, comme un prince le midi et comme un pauvre le soir. Ces préconisations sont complètement anachroniques d’un point de vue physiologique. En effet, cela se fonde sur des présupposés erronés comme l’idée que nous dépensons plus facilement les calories ingérées le matin car nous avons toute la journée devant nous, tandis que celles du soir seraient plus facilement stockées. Ces idées reçues n’ont jamais été fondées d’un point de vue métabolique. Premièrement, les calories ne sont pas directement utilisées mais passent par plusieurs processus de digestion, décomposition et enfin d’utilisation au sein de nos métabolismes et nous consommons aussi des calories lors de la nuit. Le petit déjeuner ne doit pas être considéré comme le repas le plus important de la journée sur cette base. C’est ce que vient confirmer une récente étude parue dans Cell Metabolism en explorant l’idée que ce repas pourrait tout de même revêtir une importance particulière en matière de perception de la satiété.
Le design de l’étude
Les résultats de cette étude doivent être considérés comme exploratoires étant donné le faible nombre de personnes (31) incluses dans l’expérience. Il faut aussi préciser que ces conclusions ne valent que pour les personnes souffrant d’obésité étant donné que c’est le critère d’inclusion principal de l’étude, autrement dit, les 31 participants souffraient tous d’obésité tout en étant en bonne santé globale.
Les participants ont été aléatoirement répartis en deux groupes après une semaine de stabilisation alimentaire où ils recevaient tous une alimentation similaire, adaptée à leur besoin énergétique. Par la suite, chaque groupe a suivi un programme pendant deux semaines qui consistait soit à consommer le repas le plus calorique le matin ou le soir (les répartitions caloriques étaient les suivantes : matin 45 %, midi 35 %, dîner 20 %, ou matin 20 %, midi 35 %, dîner 45 %), puis ils ont échangé les rôles pendant deux nouvelles semaines après une nouvelle semaine d’alimentation similaire. C’est ce qu’on appelle un design croisé qui permet d’évaluer l’effet du traitement sur les deux groupes et donc de reproduire en partie l’expérience au sein de la même étude tout en souffrant de biais méthodologiques comme l’ordre dans lequel est reçu le traitement. Ici, c’est notamment pour diminuer ce biais que les participants doivent suivre une alimentation standardisée pendant une semaine avant chaque protocole.
Résultats sur la perte de poids, la dépense énergétique et la sensation de faim
Les résultats de l’expérience suggèrent que la perte de poids et la dépense énergétique ne sont pas affectées par la répartition calorique des repas. Bien sûr, cela vaut pour la durée de l’étude qui est de quatre semaines, cela ne dit rien des effets potentiels à plus long terme. En revanche, à l’aide d’une échelle visuelle pour évaluer leur sensation de faim, les investigateurs ont remarqué que celle-ci était moins importante chez le groupe qui consommait plus de calories le matin. Dès lors, on peut imaginer qu’un bon petit déjeuner serait important pour éviter d’éventuelles fringales qui, quant à elles, pousseraient à manger plus ou à de la restriction cognitive dont on connaît les impacts néfastes à moyen terme sur le poids et la survenue de troubles des conduites alimentaires.
Que faire ?
Si vos habitudes actuelles vous conviennent et que vous ne ressentez pas particulièrement de sensations de faim intempestives durant la journée, ne changez rien. En revanche, si c’est le cas, il pourrait être intéressant de s’interroger sur ce qui provoque ces sensations de faim. Mangez-vous suffisamment ? Est-ce qu’une collation pourrait être utile ? Ou bien est-ce que manger un repas plus riche le matin pourrait faire l’affaire ? Enfin, n’hésitez pas à consulter un diététicien-nutritionniste pour rééquilibrer votre alimentation. Ce professionnel de santé pourra vous aider à identifier plus précisément ce qui peut causer vos sensations de faim et vous aider à apporter la réponse la plus adaptée.