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On a suivi la dominatrice professionnelle Alexxa von Hell dans les coulisses d’une journée de travail



La dominatrice Alexxa von Hell nous a invités dans son quotidien pour dissiper le mystère entourant sa profession. Son amie, l’auteure Mélodie Nelson du site Nouvelles Intimes, fait les présentations.  

J’ai déjà été cueilleuse de fraises, aide-bibliothécaire ou encore monitrice de ski alpin, mais mon expérience la plus marquante est celle d’escorte. J’y ai beaucoup appris sur les condoms (par exemple, ceux de couleur foncée sont parfaits pour être utilisés pendant les menstruations), la vulnérabilité des hommes et mes propres envies. J’ai tout raconté dans le livre Escorte.  

La dominatrice professionnelle Alexxa von Hell l’a lu. C’est même ce qui nous a rapprochées. 

Quand je pense à Alexxa, je pense d’abord à tout ce qu’elle fait pour les autres et qui n’implique pas nécessairement du latex. Nos séances de confidences dans sa voiture. Mon chat qu’elle garde pendant un été et qui détruit son nouveau tapis. Des breuvages sur le balcon accompagnés de loukoumades au chocolat. 

J’ai la chance d’aimer et d’admirer une femme qui est à la fois une confidente pour mes enfants et une dominatrice professionnelle célébrée mondialement.  


Photo Guillaume Langlois

Alexxa von Hell (à droite) présente son armoire de cages à pénis à Mélodie Nelson.

Entre curiosité et voyeurisme  

Pendant une journée, pour dissiper un peu le mystère entourant sa personne et sa profession, elle a laissé une équipe de 24 heures et de Nouvelles Intimes la suivre dans une boutique d’accessoires sexuels, dans une voiture luxueuse conduite par un de ses soumis et dans le décor d’une séance photo à la boutique Inchoo Bijoux, au coeur du Château Saint-Ambroise.  

Alexxa von Hell nous a autorisés à la questionner et à la filmer dans ses espaces personnels et professionnels, alors qu’elle se faisait coiffer, entre deux câlins à son bouledogue français et une pointe de pizza.  

«Je n’ai pas l’impression de subir une forme de stigmatisation, contrairement aux autres personnes dans l’industrie, résume celle pour qui l’agente Dana Scully et Xenia, la princesse guerrière, étaient des idoles de jeunesse. 

«C’est notre privilège à nous, les dominatrices. Les gens sont très curieux, ils me posent des questions à outrance et font preuve parfois d’un peu de voyeurisme.» 


Photo Guillaume Langlois

Un soumis aide Alexxa von Hell à faire luire sa tenue de latex pour sa séance photo. 

Célébrée mondialement 

La première fois que je suis allée à sa rencontre, il y a plus de cinq ans, j’avais été impressionnée par les dildos qu’elle nettoyait à mon arrivée, dans son évier. Depuis, ma surprise se renouvelle sans cesse, que ce soit à propos de la dimension de ses instruments de travail ou du design de certaines cages à chasteté.  

Ce qui ne me surprend jamais en revanche, c’est sa douceur sous sa sévérité, cette beauté mystifiante, qu’elle ne compare à celle de personne d’autre. Alexxa est solidaire de toutes les autres femmes dans l’industrie, qui trouvent, chacune, une façon de se montrer sublimes.  

«Je ne pense pas qu’on puisse définir le succès dans l’industrie du sexe. Il y a tant de diversité. Il y a les danseuses, les masseuses, les escortes, les femmes qui font la rue, les femmes qui font de la webcam, les femmes dans le divertissement pour adultes, les femmes qui font ça dans un contexte de survie. C’est difficile de trouver un modèle de succès qui s’applique à tout le monde. Il y a aussi des personnes qui font ça à temps partiel et d’autres qui, comme moi, voient ça comme une carrière», explique celle qui partage son temps entre son donjon et des chambres d’hôtel sur d’autres continents. 

Je ne sais pas si elle est fière d’elle. Je ne sais pas ce qui la rend fière ou pas, si c’est son humilité ou ce qu’elle exige d’elle-même qui la rendent énigmatique.   


Photo Marisa Parisella

Alexxa von Hell prend la pose durant la séance photo au Inchoo Bijoux.

La Gen Z décomplexée   

Ses soumis ont besoin d’elle pour «décrocher, s’échapper de leur vie professionnelle et familiale, de leurs responsabilités.» Alexxa von Hell croit qu’ils sont motivés par un désir de rééquilibrer leur vie.  

« Ce sont des personnes qui ont beaucoup de décisions à prendre au quotidien. Ils viennent me voir pour que je prenne des décisions à leur place.» Ses rendez-vous comportent rarement de la douleur. «Si mes soumis sont mariés, ils sont de toute façon limités par rapport aux marques qu’ils peuvent recevoir», explique la dominatrice aux cheveux de jais.  

Sa clientèle s’affranchit aussi de tous les clichés. « J’ai des soumis de 18 ans. J’en ai aussi de 85 ans. En fonction des générations, le rapport sera très différent. Les Baby Boomers, la Génération X et les plus vieux de la Génération Y vont rencontrer plus de tabous. » Elle hésite à mettre ça sur le dos des représentations d’une masculinité toxique. « Ils ont des rôles professionnels et leurs activités de soumission pourraient leur faire perdre de la crédibilité. » Elle remarque toutefois que les jeunes sont plus ouverts et affichent autrement leur envie d’être dominé dans un espace créé pour ça, en toute sécurité. « La Gen Z, par exemple, va parler de domination dans des contextes amicaux, dans des partys. Ils vont se partager des références. »  

Alexxa von Hell, pour qui rien ne mérite d’être jugé, réussit à traverser les frontières, les générations, les expériences, toujours captivante, qu’elle soit en pantalon de jogging, penchée vers son chien, ou en cuir, prête à tout, à dominer les hommes et la planète, grâce à ses manques. 



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Written by Pierre T.

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