« Nous avons été de très grands pollueurs. Du plastique, nous en avons mis partout. Mais, dès 2005, nous en avons pris conscience, et nous sommes allés vers de nouveaux produits, bio compostables et en plastique recyclé », souligne au Monde, entre mea culpa et fierté d’avoir su prendre le virage à temps, John Persenda, le fondateur et président du groupe français Sphère, leader de l’emballage ménager.
Dans la zone métropolitaine de Saragosse, entre les usines de géants du secteur automobile, les champs de céréales et les éoliennes, il est venu inaugurer en grande pompe, le 14 septembre, la nouvelle usine de sa filiale espagnole. Le site de Pedrola, en Aragon, bâtiment ultramoderne de 32 000 mètres carrés, construit sur le principe de l’économie circulaire et du zéro déchet, est devenu la plus grande des quinze usines que le groupe spécialisé dans les sacs plastiques recyclés et les sacs compostables compte en Europe de l’Ouest (dont sept en France).
Grâce à un investissement de 32 millions d’euros, Sphère multiplie par trois la taille des installations dont il disposait, jusque-là, dans la ville voisine d’Utebo, les dote de meilleures certifications environnementales et des dernières avancées technologiques, et approche les 300 salariés en créant 35 nouveaux emplois. De quoi permettre à la filiale de dépasser les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, deux fois plus qu’il y a trois ans, sur fond de durcissement de la législation espagnole en matière de traitement des déchets.
Des contraintes bienvenues
Loin de supposer un risque pour les résultats de la compagnie du secteur plastique, les contraintes environnementales l’ont jusqu’à présent renforcée face à la concurrence asiatique. En vigueur depuis 2020, l’obligation pour les sacs plastiques de plus de 50 microns de contenir 50 % de plastique recyclé a dopé les ventes de Sphère, en confirmant un virage pris de longue date. Idem, depuis 2021, l’interdiction de la distribution de sacs en plastique légers, de moins de 50 microns d’épaisseur, a fait bondir la vente de sacs compostables « fruits et légumes », que Sphère produisait déjà.
Dans les immenses salles entièrement robotisées de l’usine de Pedrola, d’immenses rouleaux de films sont fabriqués à partir de granulés de plastiques recyclés ou de fécule de pomme de terre dans des machines d’extrusion, avant d’être découpés en sacs-poubelle ou sorties de caisse, puis estampillés des marques de distributeur des différentes chaînes de supermarchés qui s’approvisionnent ici (DIA, Carrefour, Eroski, Lidl…). Toutes les chutes des découpes réalisées sur place sont retransformées et réintégrées à la chaîne de production sur place. Le groupe se prépare à relever d’autres défis du secteur du plastique.
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