Depuis le début de la semaine, du gazgaz s’échappe des trois fuites découvertes sur les gazoducsgazoducs Nord Stream 1 et 2, les gazoducs qui relient la Russie et l’Allemagne, et qui alimentaient, jusqu’à il y a peu, l’Europe en cette énergie fossile. Les garde-côtes suédois l’ont annoncé il y a quelques heures, une quatrième fuite a été détectée. Sur Nord Stream 2. À proximité de l’une des fuites déjà observées sur Nord Stream 1.
Rappelons que Nord Stream 2, même s’il n’était pas en fonctionnement, était rempli de gaz. Un gaz fossile qui fuit donc désormais en plus grande quantité encore dans la mer Baltique. Avant d’atteindre l’atmosphère. Avec les conséquences sur l’environnement et sur le climatclimat que nous avons déjà évoquées (lire notre article ci-dessous).
Les experts espèrent pouvoir envoyer des drones sous-marins sur les lieux afin de déterminer les causes de ces fuites et peut-être, d’envisager un colmatage. D’autres estiment que les gazoducs sont « perdus à jamais ». Tous s’accordent à dire qu’il sera difficile de s’approcher avant plusieurs jours, tant que la situation ne s’est pas calmée.
Fuites de Nord Stream : que faire des millions de mètres cubes de gaz qui s’échappent des gazoducs ?
Quelques heures après la découverte de fuites massives sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2, la piste du sabotage semble privilégiée. Mais une autre question reste en suspens. Que faire, maintenant, des millions de mètres cubes de gaz fossile qui pourraient s’en échapper ?
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 28/09/2022
Sur le front de l’enquête visant à déterminer l’origine des fuites qui ont été détectées hier sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 — ceux qui relient la Russie à l’Allemagne et alimentent l’Europe en gaz fossile –, les choses se précisent. Des sismologuessismologues ont enregistré, ce mardi, des explosions secouant la mer Baltique. Faisant penser que les fuites pourraient être le résultat d’un acte délibéré.
Et si certaines voix excluent tout risque pour les populations et pour l’environnement, d’autres continuent de s’interroger.
Combien de gaz fossile libéré dans l’atmosphère ?
Si les vannes de Nord Stream 2 n’avaient jamais été réellement ouvertes et celles de Nord Stream 1 avaient été fermées à la fin du mois d’août, les deux gazoducs restaient en effet tout de même chargés en gaz fossile — essentiellement du méthane (CH4). Entre deux vannes, il n’y aurait pas moins de 400 kilomètres de tube. Et une pressionpression minimale était maintenue.
Les incertitudes demeurent nombreuses, notamment concernant la température du gaz fossile dans les gazoducs, la vitessevitesse à laquelle il fuit et la quantité qui pourrait être absorbée par les microbesmicrobes qui peuplent la mer Baltique. Il semblerait que Nord Stream 2 contenait quelques 300 millions de mètres cubes de gaz fossile. De quoi libérer dans l’atmosphère environ 200.000 tonnes de méthane.
Mais pour l’heure, les observateurs estiment que plus de 100.000 tonnes de méthane pourraient être réellement relâchées suite à ce malheureux accidentaccident (ou sabotage). Soit tout de même environ 9,6 millions de tonnes équivalent CO2. Comprenez, l’équivalent des émissions annuellesannuelles d’une ville de taille moyenne. Car, rappelons-le une fois de plus, le méthane est un puissant gaz à effet de serre.
Faut-il brûler le méthane ?
C’est pourquoi, au-delà de la question du colmatage des fuites, la question du torchage de ce méthane fuyard est posée depuis quelques heures. Ce serait envisageable en surface, bien sûr. Et cela permettrait de limiter les dégâts en matièrematière de réchauffement climatique. Les émissions de dioxyde de carbone (CO2) qui en résulterait auraient en effet un pouvoir réchauffant moindre que celles du méthane laissé libre.
Fuites massives des gazoducs Nord Stream : risques d’explosion et de destruction de l’environnement
Du gaz fossile s’échappe en ce moment même dans la mer Baltique. Depuis hier, trois fuites ont été repérées sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2. Quelle que soit l’origine de ces fuites, les conséquences sur l’environnement pourraient être lourdes. Voici ce qu’il se passe.
Article de Nathalie Mayer paru le 27/09/2022
La nouvelle est tombée hier soir. Rapidement officialisée par les autorités danoises. Sans que la cause puisse être identifiée. La pression dans l’un des gazoducs sous-marins qui reliait la Russie à l’Allemagne, Nord Stream 2, a brutalement chuté. De 105 à seulement 7 barsbars. Ce n’est pas rien. Du gaz a commencé à s’échapper dans la mer Baltique. Non loin de l’île de Bornholm. Parce que même si le gazoduc n’était pas en opération, il n’en était pas moins rempli de plusieurs dizaines de millions de mètres cubes de gaz fossile.
Ce matin, alors même que les fuites de gazoducs sont extrêmement rares, l’histoire semble vouloir se répéter. Cette fois, c’est la Suède qui a alerté. Deux nouvelles chutes de pression et deux nouvelles fuites de gaz ont été observées. Sur le gazoduc Nord Stream 1 — lui aussi hors d’usage depuis le mois d’août –, cette fois. Acte de sabotage sur fond de guerre en Ukraine ou malheureux concours de circonstances ? L’enquête le révèlera.
Ce qui est certain, c’est que ces fuites de gaz fossile ne prendront pas une forme aussi spectaculaire que les marées noires qui se produisent lorsque du pétrolepétrole se déverse dans l’océan. Leurs conséquences pourraient tout de même être lourdes. D’autant que, compte tenu des chutes de pression enregistrées, les observateurs craignent que ces fuites soient massives. Elles ont même pu être détectées sur les radars de navires passant à proximité. Les autorités ont non seulement dépêché sur place un vaisseau de guerre, mais aussi un bateau de recherche et un hélicoptèrehélicoptère. Le tout pour évaluer au mieux l’étendue des dégâts.
Des risques d’explosion aux risques pour les écosystèmes
Premier impact potentiel qui doit être signalé : le risque d’explosion. Localisé sur la zone de laquelle s’échappe le panache de gaz. Car le méthane, le gaz fossile transporté par Nord Stream 1 et 2, est un gaz hautement inflammable. C’est à lui que l’on doit les fameux coups de grisou qui se produisent dans les mines. Ainsi une zone interdite de navigation de 5 miles nautiques — une petite dizaine de kilomètres — a été établie du côté de l’île de Bronholm. Il faut dire que le méthane a tendance à remonter en surface. Il forme déjà une sorte de bulle géante de plus d’un kilomètre de diamètre à la surface de la mer Baltique. Naviguer dans la région est désormais devenu dangereux. Les survolssurvols de la zone sont aussi interdits à moins de 1.000 mètres.
Et le risque d’explosion n’est pas le seul, avec un méthane qui remonte en surface. Car ce gaz, faut-il le rappeler, est aussi un puissant gaz à effet de serre. Même s’il demeure moins longtemps dans l’atmosphère que son compère, le dioxyde de carbone (CO2). Si le méthane échappé de Nord Stream 1 ou 2 devait exploser, il émettrait de grandes quantités de CO2. S’il n’explosait pas, il se disperserait dans l’atmosphère, accélérant encore un peu plus le processus de réchauffement climatiqueréchauffement climatique.
Enfin, ces fuites pourraient aussi avoir des conséquences pour les écosystèmesécosystèmes marins, préviennent les défenseurs de la nature. Selon eux, le gaz qui s’échappe actuellement dans la mer Baltique pourrait étouffer certains animaux. Ceux qui ne sont pas capables de fuir suffisamment vite, notamment. Les associations de protection de l’environnement s’inquiètent d’autant plus à ce sujet que la composition exacte du gaz transporté par Nord Stream 1 et 2 n’est pas connue.