Jacques, 67 ans, s’est confié à Futura sur son long parcours pour perdre du poids. Après des années d’échec, une méthode peu conventionnelle est venue à bout de ces kilos superflus. Découvrez son histoire.
Jacques Degroote, un ingénieur de 67 ans, fait partie des Français préoccupés par leur poids. « Ça faisait longtemps que j’avais des problèmes de surpoids, de yo-yo, de régimes. J’ai acheté toute une collection de livres de régime que je n’ai jamais finis de lire et qui n’ont servi à rien. J’étais dans l’attente de trouver la bonne solution. »
La bonne solution pour Jacques, c’est une technique de perte de poids peu connue du grand public : le ballon gastrique. Le ballon se loge dans l’estomac où la place qu’il occupe induit un sentiment de satiété précoce. Les premiers ballons ont été conçus dans les années 80 mais, après des résultats décevants et des problèmes divers, la technique est tombée dans l’oubli sans pour autant disparaître.
En quarante ans, les dispositifs ont bien évolué et celui d’Allurion Technologies, une société fondée en 2009 par deux étudiants d’Harvard, est le plus à la pointe de cette technologie. Il a prouvé son efficacité et sa sûreté dans plusieurs études scientifiques menées par Allurion. Le ballon d’Allurion et le programme de suivi qui l’accompagne ont permis à Jacques d’atteindre ses objectifs de perte de poids. « Je pesais 145 kilos quand j’ai commencé pour 1 m 86, et j’ai perdu 35 kilos en deux étapes. Une quinzaine de kilos assez vite, les 20 kilos suivant plus doucement. » Il a commencé le programme en novembre 2019, deux mois avant l’apparition de la Covid-19, et son poids est stable depuis.
Le saviez-vous ?
Les critères d’inclusion pour le ballon gastrique Allurion :
- Un IMC supérieur ou égal à 27.
Les critères d’exclusions :
- Dysphagie ;
- Troubles prédisposant à une perforation intestinale ;
- Troubles prédisposant à une perforation gastrique ;
- Saignement gastro-intestinal ou trouble y prédisposant.
Un ballon dans l’estomac
« Je trouvais que me faire opérer n’était pas une bonne solution, ça représentait un danger pour la santé. » Contrairement aux premiers modèles de ballon gastrique posés sous endoscopie, celui d’Allurion ne nécessite pas d’hospitalisation ni d’acte médical. Il suffit de l’avaler. Le ballon, constitué d’une fine membrane de polyuréthane, est compacté dans une gélule que le patient ingère avec un verre d’eau sous le contrôle d’un médecin dans l’une des 51 cliniques de la firme. « C’est un peu plus gros qu’une gélule, il y a un tout petit fil attaché parce que c’est par là que l’on va remplir le ballon. Moi, au bout d’un demi-litre d’eau je n’avais pas avalé la pilule ! », se souvient-il.
Le petit fil qu’évoque Jacques est un cathéter par lequel le médecin introduit de l’eau physiologique stérile dans le ballon gastrique. Une fois qu’il est plein, le cathéter est retiré avec précaution, puis une petite couche de graisse vient boucher hermétiquement le trou. En bonne place, le ballon reste dans l’estomac pour seize semaines avant qu’il ne se vide spontanément.
Si cela semble simple comme bonjour, Jacques se rappelle que les premiers jours avec le ballon étaient plutôt désagréables « Pendant deux ou trois jours, je me sentais vraiment fatigué, avec des nausées sans que ce soit rédhibitoire, on n’est pas bien et on a envie de dormir. » Les premiers repas sont liquides (du bouillon) avant que la véritable prise en charge nutritionnelle ne commence.
Un suivi personnalisé
Tous les patients entrant dans le programme Allurion sont suivis par plusieurs experts, dont une nutritionniste, et reçoivent des informations sur le poids et l’activité physique de leurs patients grâce à une balance connectée, un tracker d’activité et une application smartphone. Des ajustements sont faits à partir de ces données pour personnaliser le suivi. Allurion promet une perte comprise entre 10 à 15 % du poids initial, Jacques a perdu 15 kg avec le ballon — une perte de poids qui s’est poursuivie après grâce au rééquilibrage alimentaire. « Le ballon m’a fait rentrer dans un cadre duquel je ne suis pas ressorti. »
Si, pour Jacques, le ballon s’est fait oublier la plupart au temps, au point « qu’on se demande si on l’a toujours », il s’est rappelé à lui quand il a fallu l’évacuer. La plupart du temps, le ballon vide sort par les voies naturelles, mais il prend parfois un autre chemin, comme ce fut le cas pour Jacques. Il l’a vomi ! « J’ai eu une nausée et il est ressorti comme ça. J’étais au bord d’un jardin et je me suis aperçu en me penchant qu’il y avait le ballon qui reposait devant moi. C’est une espèce de chewing gum, il n’a plus de consistance. »
« Pas de regrets » pour Jacques qui a atteint ses objectifs
Si l’expérience est réussie pour Jacques, dans de rares cas, elle entraîne des complications sérieuses. La littérature scientifique rapporte le cas d’une femme de 43 ans qui n’a pas réussi à évacuer le ballon datant de 2021. Son intestin obstrué a dû être libéré par endoscopie. Ce cas est présenté comme le premier de la littérature scientifique par ses auteurs. En 2018, un autre patient de 55 ans a eu une obstruction du petit intestin à cause du ballon gastrique six semaines après sa pose. Il a dû subir une coloscopie pour le retirer, une procédure qui n’a pas laissé de séquelles. Ces exemples sont rares, ils ne représentent qu’une minorité sur les 100.000 ballons posés dans les cliniques Allurion à ce jour, mais ils existent tout de même.
De toute cette expérience, Jacques en garde un souvenir positif. Malgré les 4.000 euros dépensés pour faire partie du programme — 2.000 euros pour le ballon et 2.000 euros pour le suivi avec la nutritionniste et le matériel que le patient conserve —, il recommande le programme à ses amis et sa famille. « Pas de regrets. Ça fait 40 ans que je n’avais pas la solution, et là c’est derrière moi. »