Reconnaissable en un clin d’œil et vedette de la boutique souvenir du British Museum, la pierre de Rosette possède une histoire pleine de rebondissements. La traduction de ses textes changera à jamais la connaissance de l’Égypte ancienne. Retour sur l’histoire d’un artefact archéologique emblématique.
C’est en 1799 que la stèle est découverte dans la ville de RosetteRosette – ou Rachid – en Égypte. Cela fait plus d’un an que la campagne militaire d’Égypte menée par le général Bonaparte a débuté sur place. Au cours de travaux, un certain Pierre-François-Xavier Bouchard remarque cette étrange pierre de couleur noire et convoque les scientifiques de la mission pour tenter d’en savoir plus. Il est rapidement décrété que la pierre peut être intéressante puisqu’elle possède plusieurs textes : l’un en hiéroglyphes, l’un en démotique qui découle d’une simplification du système hiéroglyphiques, et enfin un texte en grec ancien.
De plus, les dimensions de la pierre sont loin d’être banales. Mesurant plus d’un mètre de haut et pesant plus de 760 kilogrammes, il s’avère que la pierre de Rosette n’est pas complète. En effet, il s’agit d’un fragment d’œuvre plus imposante, mais les autres parties n’ont pas été découvertes au moment des travaux. La pierre entame son voyage en étant d’abord déposée à l’Institut du Caire, fondé par Bonaparte, où travaillent plusieurs savants et imprimeurs.
La pierre de toutes les convoitises
Dès sa découverte, la pierre a suscité bien des convoitises. Les scientifiques français voient en elle la possibilité de mieux comprendre les écritures anciennes égyptiennes qui ne sont toujours pas déchiffrées à l’aube du XIXe siècle. Et pourtant, alors que les Français pensent pouvoir la conserver et la ramener chez eux pour enrichir leurs collections, c’est un évènement militaire qui va faire basculer le destin de la stèle. En janvier 1800, la campagne d’Égypte est ébranlée et, rapidement, tous les savants embarquent les artefacts à Alexandrie pour prendre le bateau en direction de la Métropole. Ralentis dans leur fuite, les savants sont pris au piège par l’armée anglaise qui décide de récupérer tous les objets archéologiques pour les envoyer à Londres. C’est ainsi que la pierre de Rosette arrive en Angleterre en 1802.
Le déchiffrement des textes
L’intérêt majeur de la pierre de Rosette réside en ses trois textes. Au début du XIXe siècle, on déchiffre le grec ancien mais pas les hiéroglyphes, ni le démotique. De nombreux orientalistes et linguistes vont, grâce aux diverses copies des textes, tenter de relever le défi. C’est en 1822 que le Français Jean-François Champollion réussit la difficile traduction et en 1824 il publie le Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens. Sa découverte donnera naissance à l’égyptologie comme science et la lumière est enfin mise sur des siècles d’écrits jamais déchiffrés. En comparant le texte grec aux deux autres, Champollion a compris que les hiéroglyphes étaient des idéogrammes mais que certains pouvaient aussi avoir une valeur phonétique. Le texte est un décret royal qui remonte à 196 avant notre ère connu sous le nom de « Décret de Memphis ».
La pierre de Rosette, toujours exposée au British Museum fait l’objet de plusieurs demandes de restitutions. Est-ce que l’emblématique objet retournera chez lui un jour ? L’avenir le dira.