Dès les premières coupures Internet en Iran il y a deux semaines, Elon Musk a proposé de déployer le réseau Starlink dans tout le pays. Dans les faits, c’est un peu plus compliqué que cela.
Quand Elon Musk tweete, ses annonces deviennent virales. C’est le cas de son tweet publié le 20 septembre, qui tient en deux mots. Alors que l’Iran subit des coupures Internet et des restrictions d’accès aux réseaux sociaux, Elon Musk a trouvé la solution: Starlink. Mais dans les faits, Starlink ne pourra pas pallier la coupure Internet à court terme et ce, pour plusieurs raisons, relève The Intercept.
Starlink permet de se connecter à Internet par satellite notamment dans des endroits où le réseau est mauvais ou inexistant, nécessitant l’achat d’une parabole. La connexion satellite est présente sur tous les continents et théoriquement disponible en Iran.
Alp Toker, directeur du groupe de surveillance de l’internet et de la censure NetBlocks juge “crédible et valable” à long terme, la présence de Starlink en Iran. Mais la difficulté de se procurer l’équipement de Starlink signifie que son accès reste “une solution pour quelques-uns”, et non pour l’ensemble de la population, analyse-t-il pour le média américain.
Le projet de l’homme le plus riche du monde a été bien accueilli, mais pas en Iran, qui fustige toute ingérence américaine. Il parait peu probable que le gouvernement tolère l’importation d’une technologie destinée à contourner son propre pouvoir de censure.
La première raison de ces obstacles est géopolitique. Trois jours après le tweet d’Elon Musk, le secrétaire d’État Anthony Blinken a annoncé que les États-Unis assoupliraient les restrictions sur les exportations de technologies pour aider à contrer les efforts de censure de l’État iranien. Une aubaine pour Musk.
Pourtant, lever certaines restrictions serait délicat. Les sanctions du secteur technologique portent le nom GHRAVITY et sont liées aux sanctions relatives aux droits de l’homme. L’assouplissement des règles nécessiterait une licence spéciale pour l’utilisation de Starlink en Iran.
Autre difficulté, les connexions par satellite de Starlink sont soumises à une réglementation de l’Union internationale des télécommunications (UIT), dont les États-Unis et l’Iran sont membres. Starlink doit obtenir une approbation réglementaire. Il parait peu probable qu’une dérogation de ce type voit le jour à court-terme.
Des obstacles techniques
L’autre grande difficulté est d’ordre technique et concerne la connexion de SpaceX à l’infrastructure Internet terrestre. Ces installations ont besoin d’accords des pays concernés. Là encore, il est peu probable que l’Iran approuve la construction sur son territoire d’installations satellitaires appartenant à un entrepreneur américain.
De fausses informations ont même circulé sur l’acheminement de paraboles Starlink en Iran. Mais la photo utilisée date de 2020. A plusieurs reprises, Elon Musk a placé Starlink comme solution à tous les maux du monde: qu’il s’agisse de sauver des enfants thaïlandais coincés dans une grotte, de la pandémie de Covid-19 ou remplacer des infrastructures de transports. Des promesses qui peuvent toutefois se concrétiser: grâce l’appui du gouvernement ukrainien, Starlink a permis de connecter des dizaines de milliers de personnes, dans des zones où les infrastructures télécom ont été détruites par la guerre face à la Russie.