« Il s’agit aujourd’hui de l’Amérique qui s’unit » derrière la Floride, ravagée par l’ouragan Ian, a dit mercredi 5 octobre Joe Biden, en visite sur les terres du gouverneur républicain Ron DeSantis, l’un de ses plus virulents opposants politiques.
« Vous avez ma promesse, et la promesse de l’Amérique, que nous ne vous laisserons pas tomber. Nous vous accompagnerons tout au long de ce processus et cela va prendra un sacré bout de temps », a assuré le démocrate de 79 ans aux habitants de Floride, alors que le gouverneur se tenait campé derrière lui, la mine fermée. « Nous sommes reconnaissants du travail accompli ensemble à divers niveaux de l’administration », lui avait dit Ron DeSantis, 44 ans.
Figure de la droite dure, il est souvent annoncé comme candidat à la présidentielle de 2024, et donc potentiel rival de Joe Biden, lequel a officiellement l’intention de se représenter.
Débris et poignées de mains
La Maison Blanche, qui avait décrété l’état d’urgence avant que l’ouragan de catégorie 4 Ian ne frappe il y a une semaine, a entre autres promis de financer intégralement pendant deux mois l’enlèvement de débris et les travaux urgents de consolidation.
Ron DeSantis et son épouse Casey DeSantis ont accueilli Joe et Jill Biden avec de rapides poignées de main lors de leur arrivée au port de pêche de Fort Myers, l’une des localités les plus touchées.
Le couple présidentiel avait déjà survolé en hélicoptère des zones sinistrées. Il a déambulé avec ses hôtes, chacun gardant quelque peu ses distances, dans ce quartier très éprouvé. Près de là, un engin de chantier achevait de déblayer les débris d’une maison mise à bas par le vent, tandis que des ouvriers s’efforçaient de réparer une ligne électrique.
Joe Biden, fidèle à sa nature empathique, a distribué les poignées de main et serré à l’occasion ses interlocuteurs et interlocutrices dans ses bras. La Floride compte toujours ses morts et évalue les dégâts, considérables, provoqués par l’une des plus violentes tempêtes de l’histoire américaine récente.
Un bilan pas encore fixé
Le bilan officiel était mardi de 76 morts (72 en Floride et 4 en Caroline du Nord) mais les médias américains dénombrent plus d’une centaine de décès. A Fort Myers, la visite présidentielle n’a pas séduit tout le monde. Tina, propriétaire d’un bar-restaurant où l’eau courante n’a pas été rétablie, a fait part à l’Agence France-Presse de sa frustration : « Ils ont commencé à débarrasser aujourd’hui parce qu’ils savaient qu’il venait ».
« Pourquoi ne vient-il pas avec un avion plein de générateurs et de citernes d’eau ? Plutôt que de juste venir se montrer aux caméras », s’emporte la quinquagénaire. Des centaines de milliers d’habitants de la Floride étaient toujours privés d’électricité mardi et les autorités ont affirmé qu’il faudrait des mois et 50 milliards de dollars, voire plus, pour reconstruire.
Tracey Gore, habitante de Fort Myers de 51 ans, se réjouissait toutefois de voir Joe Biden et Ron DeSantis allier leurs efforts : « C’est le plus important. Il ne s’agit pas de politique en ce moment, il s’agit de vies humaines. »
S’entretenant avec les journalistes sur place, le président démocrate a déclaré : « Nous avons des approches politiques très différentes mais nous avons travaillé main dans la main. » Le gouverneur de Floride fait régulièrement parler de lui par ses déclarations et décisions controversées.
La Floride, un Etat désormais encré à droite
Il a déplacé récemment en avion des migrants vers Washington et vers un lieu de villégiature prisé de l’élite démocrate, Martha’s Vineyard. La Maison Blanche avait critiqué une « manœuvre politicienne (…) cruelle ».
Ron DeSantis a aussi fait voter une loi qui interdit les enseignements sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle dans les écoles primaires publiques, un texte qui pourrait porter préjudice aux jeunes de la communauté LGBT+, selon ses détracteurs.
Aux côtés également de Joe Biden lors de sa visite en Floride, l’un des sénateurs républicains qu’il étrille le plus volontiers, Rick Scott, considéré par le président comme un autre représentant de la droite « extrême ». L’Etat du Sud, longtemps considéré comme un « swing state » oscillant entre démocrates et républicains, semble désormais pencher plus nettement à droite.
La Floride a voté Donald Trump lors des élections de 2016 puis de 2020, et les sondages promettent à Ron DeSantis une facile réélection à son poste de gouverneur en novembre.