Sans une intervention humaine immédiate, le Grand Lac Salé des États-Unis disparaîtra d’ici quelques années. Cette masse, qui s’étale sur environ 4.400 km2, alimente en eau une grande partie de l’Utah et regorge de fossiles uniques au monde.
Selon une récente conférence de la Société géologique d’Amérique, le Grand Lac Salé n’aurait plus que quelques mois devant lui avant d’atteindre un tel niveau de salinité que la faune et la flore qui en dépendent ne pourront plus survivre ! En cause, deux paramètres : l’un issu de l’intervention humaine, et l’autre issu de l’évolution du climat. Depuis plus de 100 ans, les eaux des rivières qui alimentent naturellement le lac ont été déviées pour la consommation humaine. On estime à 3 milliards de litres la quantité d’eau « volée » à la nature chaque année : celle-ci est majoritairement utilisée pour l’eau potable et l’irrigation des cultures. À cela s’ajoute la méga sécheresse qui touche l’ouest américain depuis l’année 2000, la plus grave connue dans la région depuis 1.200 ans. En raison de ces deux facteurs, le Grand Lac Salé de l’Utah a perdu les deux tiers de sa superficie d’origine depuis 1980.
La plus ancienne forme de vie sur Terre se trouve dans le lac
En plus d’alimenter en eau la population humaine et la biodiversité, le lac salé est aussi l’un des rares lieux du monde où se forment encore des stromatolites. Il s’agit de fossiles considérés comme la plus ancienne forme de vie sur Terre. À mesure que le niveau de l’eau baisse, les stromatolites se retrouvent à découvert et se dessèchent. Autre catastrophe écologique sur le lac, la construction d’une route qui a séparé l’étendue d’eau en deux : la partie nord ne bénéficie plus de l’apport de l’eau des rivières, son microbiote a péri car l’eau a atteint un niveau de salinité de 26 %, contre 15 % à la normale. La forte teneur en sel et le manque d’oxygène ont alors donné lieu à une couleur rose intense visible depuis l’espace.
La route construite pour accueillir un chemin de fer coupe le lac salé en deux : à droite, la couleur rose est liée à la mort des micro-organismes. © Jimmy Fallon
Pour tenter de sauver le lac, des associations réclament une nette diminution des prélèvements d’eau pour l’agriculture, ainsi que des travaux de renaturation.