Auprès de Tech&Co, la Fédération Française des Télécoms assure ne pas être armée pour faire face à des coupures de courant par Enedis.
C’est un scénario du pire, qui a toujours de bonnes chances d’être écarté, mais qui suffit à pousser la Fédération Française des Télécoms (qui représente les intérêts des opérateurs parmi lesquels SFR, dont la maison-mère Altice possède BFMTV) à tirer la sonnette d’alarme. Il y a quelques jours, son patron, Michel Combot, évoquait auprès de Politico un “saut dans l’inconnu”, face à la perspective de coupures de courant en cas de pénurie d’électricité au cours de l’hiver. Interrogé par Tech&Co, il maintient ses craintes, évoquant les conséquences potentielles de ces coupures.
“Nous sommes vus comme non-essentiels”
Pour éviter un éventuel black-out, RTE et Enedis pourraient être amenés à procéder à des coupures tournantes de courant dans certaines zones géographiques, pendant une durée de deux heures. S’il est prévu que certains équipements considérés comme prioritaires soient exclus de ces coupures (comme les hôpitaux), ce n’est pas le cas des quelque 60.000 pylônes télécoms, déplore Michel Combot auprès de Tech&Co.
“Nous n’avons aucune information liée aux coupures selon les régions pour essayer de minimiser la gêne pour les clients. Nous sommes vus comme non-essentiels et non prioritaires”, regrette-t-il.
Dans l’Hexagone, les antennes-relais ne sont en effet pas équipées par les opérateurs de groupes électrogènes pouvant pallier une coupure temporaire de courant. Dans les faits, des coupures d’électricité impliqueraient ainsi l’arrêt de toute communication, y compris vers les numéros d’urgence, alerte Michel Combot.
“On ne peut absolument pas prévoir le déplacement d’un groupe électrogène. Si vous avez dix antennes coupées dans une zone, laquelle alimenter?” s’interroge Michel Combot, qui estime qu’une batterie permettant d’alimenter un pylône d’antennes pendant deux heures pèse environ une tonne.
Exception préfectorale
Interrogé par Tech&Co, Enedis renvoie vers le guide ORSEC prévu par le ministère de l’Intérieur en cas d’urgence, qui précise “que l’utilisateur dont l’activité ne peut pas supporter une coupure ou une interruption d’un réseau doit s’équiper de moyens palliatifs propres”. Une façon de renvoyer les opérateurs vers leurs responsabilités lorsqu’il s’agit de prévoir des coupures de courant de leurs antennes-relais.
“Nous sommes évidemment aux côtés des opérateurs télécom pour affiner les moyens possibles permettant de limiter les impacts liés à de potentielles coupures exceptionnelles”, assure par ailleurs Enedis.
Le gestionnaire du réseau d’électricité rappelle toutefois que même en cas de délestage (coupure temporaire d’électricité dans une zone), les installations des opérateurs télécoms pourront être définies par la préfecture concernée “comme étant à exclure des procédures de coupures exceptionnelles”. Une mesure qui pourrait s’avérer indispensable pour permettre aux populations d’accéder au réseau téléphonique fixe comme mobile, et aux secours en cas d’urgence.
Contacté par Tech&Co, le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, n’a pour l’heure pas répondu.