Au printemps 2020, la première vague de Covid-19 avait relativement épargné l’Allemagne par rapport à la plupart de ses voisins. La huitième, deux ans et demi plus tard, y sera-t-elle au contraire plus sévère qu’ailleurs ? Au vu de la situation dans les hôpitaux, un tel scénario n’est pas à exclure. Jeudi 13 octobre, l’Allemagne comptait vingt patients atteints du Covid-19 et placés en soins intensifs par million d’habitants, contre quatorze en France et en Autriche, six en Italie et trois aux Pays-Bas, selon les données compilées par le site Our World in Data.
Face à ces chiffres préoccupants, la liste des lieux où le masque est obligatoire pourrait à nouveau s’allonger. Actuellement, il l’est seulement dans les transports publics, les cabinets médicaux, les hôpitaux et les maisons de retraite, où l’accès n’est autorisé qu’aux personnes munies d’un masque FFP2. Pour le ministre fédéral de la santé, Karl Lauterbach, ce n’est plus suffisant. « Nous sommes en train de prendre un mauvais chemin. Mais il n’est pas trop tard pour agir. L’expérience nous a montré qu’il vaut mieux des restrictions légères prises assez tôt plutôt que des décisions drastiques imposées trop tard », a-t-il déclaré, vendredi 14 octobre, appelant les Lander à durcir les règles en vigueur.
Jouissant d’une large autonomie en matière de santé, ces derniers ne sont pas tous à l’unisson. A Berlin et dans le Brandebourg, par exemple, les autorités ont déjà annoncé que le port d’un masque chirurgical pourrait redevenir obligatoire dans les commerces, les musées et les bâtiments publics. Dans la Sarre, région dont le taux d’incidence est pourtant le plus élevé du pays (1 460 nouveaux cas pour 100 000 habitants sur sept jours, deux fois plus que la moyenne nationale et trois fois plus qu’à Berlin), le gouvernement régional ne souhaite en revanche pas aller aussi loin : vendredi, il s’est contenté de recommander le port du masque en intérieur, espérant que cet appel à la responsabilité de chacun lui évitera de prendre des mesures plus contraignantes.
Pénurie de personnel soignant
Au cours des dix premiers jours d’octobre, le nombre de patients en soins intensifs à cause du Covid-19 a quasiment été multiplié par deux en Allemagne, ce qui constitue une augmentation bien plus rapide que celle observée chez la plupart de ses voisins européens. « Nous sommes déjà au niveau du pic de la vague de cet été, et les chiffres vont continuer à augmenter », s’est inquiété, mercredi, le président de la fédération hospitalière allemande (DKG), Gerald Gass. Selon lui, la situation est d’autant plus préoccupante que la pénurie de personnel soignant a continué de s’aggraver ces derniers mois et que le nombre de malades hospitalisés pour des pathologies respiratoires va nécessairement augmenter à l’approche de l’hiver.
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