Les femmes qui utilisent des produits chimiques pour lisser leurs cheveux présenteraient un risque accru de cancer de l’utérus, suggère une étude des Instituts américains de la santé, les NIH (National Institutes of Health), publiée, lundi 17 octobre, dans le Journal of the National Cancer Institute. Les femmes noires, qui ont davantage recours à ces produits, seraient davantage touchées.
L’étude a porté sur 33 497 femmes américaines, âgées de 35 à 74 ans, participant à la cohorte « Sister », conduite par l’Institut national des sciences de la santé environnementale (NIEHS). Il s’agissait de sœurs de femmes américaines ayant développé un cancer du sein, incluses de 2003 à 2009 dans le programme « Sister ». Parmi elles, 7,4 % étaient noires, 4,4 % hispaniques, 85,6 % blanches et 2,5 % appartenaient à d’autres populations.
Cette cohorte a été suivie pendant près de onze ans. Sur cette période, 378 cas de cancer de l’utérus ont été diagnostiqués. L’étude révèle une association manifeste : les femmes qui utilisaient des produits de lissage des cheveux avaient un risque de développer un cancer de l’ovaire accru de 80 %. Celles qui utilisaient fréquemment ces produits – plus de quatre fois au cours de l’année précédente – avaient quant à elle un risque multiplié par 2,5. Ainsi, « 1,64 % des femmes n’ayant jamais utilisé de produits de lissage capillaire ont développé un cancer de l’utérus à l’âge de 70 ans, contre 4,05 % des utilisatrices fréquentes de ces produits », résume Alexandra White, autrice principale de l’étude, dans un communiqué des NIH. Une multiplication du risque « préoccupante », juge-t-elle, même si ce cancer reste « relativement rare ».
« Effet-dose »
« C’est une étude vraiment crédible, d’autant qu’elle montre un effet-dose, avec un risque plus élevé pour les expositions les plus fréquentes », estime Suzette Delaloge, directrice du programme de prévention personnalisée des cancers à l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif, Val-de-Marne). Cette étude confirme le poids de facteurs de risque connus comme l’âge, le surpoids ou le faible niveau d’activité physique.
Les chercheurs ont aussi pris soin de procéder à des ajustements pour éliminer l’impact d’autres facteurs de risque : l’indice de masse corporelle, le niveau d’activité physique, le statut ménopausique, la consommation d’alcool et de tabac, l’utilisation d’hormones à des fins de contraception ou de traitement substitutif de la ménopause, le niveau d’éducation, la profession, le lieu d’habitation… Par ailleurs, les femmes qui travaillaient dans des salons de coiffure ou des instituts de beauté ont été exclues de l’analyse pour que les expositions professionnelles n’affectent pas les résultats.
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