A peine inaugurée, déjà source de polémique. La nouvelle faculté de l’université Stanford – la première créée par la prestigieuse université californienne depuis soixante-dix ans – a ouvert ses portes le 1er septembre. Son nom : la Stanford Doerr School of Sustainability (« école de la durabilité »). Elle est entièrement consacrée à la planète, au climat et aux solutions pour accélérer la transition énergétique. Son objectif est de former une génération de dirigeants capables d’amener l’humanité à zéro émission de dioxyde de carbone.
La Doerr School a pu être lancée grâce à un don de 1,1 milliard de dollars (1,13 milliard d’euros), le plus important que Stanford ait reçu dans son histoire – et le deuxième dans une institution universitaire après le don de 1,8 milliard de Michael Bloomberg, en 2018, à l’université Johns-Hopkins, à Baltimore (Maryland). Les mécènes : le milliardaire John Doerr, l’une des figures historiques du capital-risque dans la Silicon Valley – ex-ingénieur chez Intel, il a été parmi les premiers à prendre des parts dans Netscape, Compaq, Amazon, Google, puis Slack – et son épouse, Ann, présidente du conseil d’administration de la Khan Academy, la renommée plate-forme d’enseignement en ligne gratuit.
L’investisseur s’est intéressé aux énergies nouvelles quand il a vu l’émoi de sa fille de 16 ans devant le documentaire de l’ancien vice-président américain Al Gore, sorti en 2006, Une vérité qui dérange, a-t-il raconté lors de l’inauguration de l’école, le 29 septembre. « Papa, ta génération a créé ce problème. Tu ferais mieux de le résoudre », lui avait-elle lancé. Selon le mécène, « le climat sera la nouvelle science informatique. Ce à quoi les jeunes veulent consacrer leur vie ».
Coalition d’opposants
C’est Arun Majumdar qui endosse le rôle de doyen de la nouvelle faculté. Ce professeur d’ingénierie mécanique est senior fellow à la Hoover Institution, le think tank conservateur de Stanford, dont il copréside le groupe de travail sur l’énergie et le climat. Le 29 septembre, alors qu’il s’apprêtait à prendre la parole devant quelque 600 invités, une centaine de manifestants ont perturbé la cérémonie. Depuis que le projet a été annoncé, en mai, il fait l’objet de critiques de la part d’étudiants, de professeurs et de scientifiques, rassemblés dans un groupe appelé Coalition for a True School of Sustainability (« coalition pour une vraie école de la durabilité »). Ils demandent que la Doerr School s’engage à refuser les subventions de l’industrie fossile. Ils estiment que l’institution perd en crédibilité en les acceptant, d’autant qu’elle est richement dotée – outre le don du couple Doerr, d’autres contributions ont porté le total des ressources de la faculté à 1,69 milliard de dollars.
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