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Ils ont changé leurs habitudes de voyage face à l’urgence climatique



Prendre l’avion, c’est polluant. Ce simple fait a été suffisant pour faire changer les habitudes de voyage de trois voyageurs. Voici ce qu’ils avaient à dire. 

L’avion une fois aux cinq ans 

Antoine Genest-Grégoire a pris la décision, en 2020, de ne prendre l’avion qu’une fois aux cinq ans, tant pour des motifs professionnels que personnels. 

L’économiste de 33 ans fait carrière dans la recherche académique, un domaine dans lequel voyager plusieurs fois par année pour assister à toutes sortes de conférences est «super valorisé». Maintenant que les conférences en présentiel sont de nouveau fréquentes, la volonté de prendre l’avion le moins possible lui pose un défi. 

«Ça me force à avoir une réflexion et à choisir d’aller strictement aux événements plus importants. Et ça veut aussi dire de combiner conférences et vacances, de faire le choix délibéré d’un endroit qui vaille vraiment la peine sur le plan touristique, mais aussi académique», explique-t-il. 

Antoine Genest-Grégoire, 33 ans.

Courtoisie

Antoine Genest-Grégoire, 33 ans.

Antoine Genest-Grégoire est pourtant prêt à faire ce compromis face à l’urgence climatique. «C’est au gouvernement de mettre en place les structures pour qu’on puisse vivre une vie sobre en carbone, mais on ne peut pas faire la promotion de ces politiques-là sans être cohérent dans ses comportements individuels. Il faut commencer à agir comme si on avait ces incitatifs qui viennent des gouvernements dans l’attente que ceux-ci les mettent en place», affirme-t-il. 

Quand vient le temps de décrocher du boulot et de partir en vacances, il privilégie la voiture à l’avion, une concession facile à faire pour celui qui se considère écoanxieux. 

«C’est sûr qu’on parle toujours de réduire notre utilisation de l’auto, mais ça pollue tellement moins qu’un avion que ce n’est pas comparable. Ça implique nécessairement d’aller moins loin, de remplir le coffre du char et aller en camping à une distance réaliste de chez nous plutôt qu’à une destination à plusieurs heures de vol», illustre-t-il. 

Un choix à ne plus prendre à la légère 

Devant l’urgence climatique et les désastres environnementaux que le tourisme occasionne, Anthony Côté-Leduc, 33 ans, a réalisé que la décision de voyager en avion n’est plus à prendre à la légère.  

«L’avion a longtemps été un automatisme, mais là ce ne l’est plus», soutient celui qui est à l’emploi d’un organisme environnemental.  

Ce déclic est survenu lors d’un voyage de six mois en Asie, où il a pu constater la difficulté de voyager entre les régions par d’autres moyens que l’avion. «C’est un peu contradictoire, mais le voyage m’a permis de voir les choses dans une autre perspective, surtout du point de vue environnemental», explique-t-il. 

Anthony Côté-Leduc, 33 ans.

Courtoisie

Anthony Côté-Leduc, 33 ans.

Il reconnaît cependant que de dénoncer l’usage de l’avion après avoir beaucoup voyagé, ça peut paraître «hypocrite». 

«C’est difficile à réconcilier, parce qu’on ne peut pas changer le passé, dit-il. On est responsable des décisions que l’on prend au présent. Si c’était à refaire aujourd’hui, je me poserais probablement dans un pays plus longtemps au lieu de faire huit vols en cinq mois. Je me serais limité à deux ou à quatre vols.» 

Sacrifier les vacances en famille 

Charlène Robert est née en Suisse et la moitié de sa famille s’y trouve toujours. Avec ses parents et son frère, l’orthophoniste de 27 ans se rendait, chaque deux ans, de l’autre côté de l’Atlantique pour visiter les membres européens de sa famille. 

C’est après un voyage de deux mois, entrepris pour marquer la fin de ses études, que Charlène Robert a pris la décision qu’elle attendrait cinq ans, voire dix, avant de reprendre l’avion. Et ça, ça signifie de sacrifier aussi les vacances pour voir sa famille. 

Comment ses proches ont-ils réagi? «Ils comprennent, mais ils me trouvent un peu radicale dans mon choix. Ils ne sont pas rendus à faire ce compromis-là», raconte-t-elle. 

Charlène Robert, 27 ans.

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Charlène Robert, 27 ans.

Sa décision a été particulièrement crève-cœur pour sa mère, qui prévoit faire un voyage en voilier en Écosse l’année prochaine pour son soixantième anniversaire. «Je lui ai dit que si elle le faisait sur le Saint-Laurent, ça me ferait plaisir d’être là. Mais malheureusement, comme c’est en Europe, je n’irai pas», se désole Charlène Robert, peinée de ne pas pouvoir participer aux célébrations. 

Elle soutient qu’elle pourrait difficilement justifier sa décision de prendre part à ce voyage en raison de ses convictions écologiques. «Si je n’arrive pas à respecter cet engagement-là, qu’est-ce que je suis capable de faire comme sacrifice dans ma position hyper privilégiée pour la planète?» 

-Avec Anne-Sophie Roy

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Written by Stephanie

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