Le grand évènement autour de Neuralink, qui devait avoir lieu la semaine prochaine, a finalement été reporté d’un mois, renforçant encore un peu plus l’attente autour de ce projet déjà critiqué.
Il faudra patienter encore un peu avant d’en savoir plus sur la fameuse puce cérébrale promise par Elon Musk. Neuralink, l’entreprise en charge de son développement, va finalement retarder d’un mois la présentation en grande pompe promise initialement le 31 octobre. Elle aura finalement lieu le 30 novembre, a annoncé sur Twitter Elon Musk
• Qu’est-ce que Neuralink?
Neuralink fait partie des multiples entreprises créées par l’homme le plus riche du monde, Elon Musk. Le patron de SpaceX et Tesla l’a discrètement lancée en 2016, espérant fabriquer des implants cérébraux. En pratique, Neuralink doit concevoir des interfaces cerveau–ordinateur qui permettraient de contrôler des équipements à distance simplement par la pensée.
Les applications sont nombreuses. Il s’agirait, par exemple, de redonner de la mobilité aux personnes paralysées en leur permettant d’interagir avec leur environnement ou de manipuler facilement des bras mécaniques. Les implants pourraient aussi être une solution aux troubles neurologiques, promet Neuralink.
En creux, l’entreprise espère aussi démocratiser un implant qui permettrait à tout un chacun d’interagir à distance avec son environnement, y compris les personnes totalement valides. Un rêve futuriste porté évidemment par le fantasque Elon Musk qui a annoncé début 2022 préparer des premiers tests cliniques sur des humains.
• Comment ça marche?
L’implant actuel de Neuralink a la taille d’une pièce de monnaie d’environ un centimètre de large. L’objet est relativement gros par rapport aux ambitions de l’entreprise qui veut le rendre absolument invisible. L’idée est ensuite de relier la puce aux différentes parties du cerveau par des fils 20 fois plus fin qu’un cheveu humain. De cette manière, les capteurs enregistrent les signaux électriques et les relaient vers l’implant principal.
En parallèle, Neuralink développe un robot chargé d’implanter la puce et les fils avec une simplicité déconcertante.
• Est-ce que ça fonctionne?
Neuralink a déjà publié deux premières avancées. La première implantation a eu lieu en 2020 dans un cochon pour démontrer le fonctionnement de la puce, chargée d’enregistrer les impulsions électriques. Un an plus tard, Elon Musk annonce fièrement l’implantation réussie d’un singe, avec une vidéo à la clé. On voit ainsi l’animal jouer au jeu “Pong”, simplement par la pensée, récompensé d’un smoothie à la banane.
La vidéo avait fait son petit effet mais les neurologues et les spécialistes avaient tenu à tempérer l’enthousiasme général. D’abord en rappelant que ce n’était pas la première fois qu’on implantait une puce dans le cerveau d’un singe et par ailleurs que le résultat restait assez proche de ce que certaines équipes scientifiques ont déjà réalisé en laboratoire.
• Pourquoi ce projet est-il controversé?
Au-delà de certaines polémiques annexes (notamment le bien-être animal), deux sujets reviennent régulièrement à propos de Neuralink. Le premier est la faisabilité de cet implant. Elon Musk est un spécialiste des chronologies fantaisistes pour la plupart de ses projets (il prévoyait un premier homme sur Mars en 2021).
Dans un article publié en 2020, le MIT Technology Review se montrait aussi très critique sur les ambitions de Neuralink, soulignant qu’aucune des avancées promises “n’est à portée de main”. Pour le journal, Musk a surtout le don de créer de l’enthousiasme pour ainsi attirer les chercheurs et les ingénieurs.
L’autre controverse, c’est évidemment l’aspect éthique de la démarche. Que deviendront les données? Quel impact aura l’implant sur le cerveau? Comment mettre à jour la puce? Ces questions restent encore sans réponses.