Les trous noirs fascinent et on peut se poser 100 questions sur eux comme : « Pourrait-on voyager dans l’espace en les utilisant comme trous de ver ? Un trou noirtrou noir menace-t-il le Système solaire ? » et bien d’autres auxquelles répond d’ailleurs Jean-Pierre Luminet dans son dernier Opus. Il n’est donc pas difficile de comprendre que lorsque l’on annonce une détection d’un trou noir considéré comme le plus proche de la Terre connu, cela attire aussitôt l’attention.
L’année dernière et dans l’un des précédents articles ci-dessous, Futura vous avait signalé que le dernier candidat à ce titre avait été découvert autour de V723 Monocerotis, une étoile variableétoile variable de type géante rouge située à environ 1 500 années-lumièreannées-lumière de la Terre dans la constellation de la Licorneconstellation de la Licorne. Un article au sujet de cette découverte venait d’être publié dans MNRAS dont une version en accès libre se trouve sur arXiv.
On y apprenait donc que le transittransit d’un astreastre compact autour de V723 Monocerotis en combinaison avec d’autres observations conduisait à penser que l’astre compact en question devait être un trou noir d’environ trois fois la masse du SoleilSoleil mais que s’il était assez proche pour déformer V723 Monocerotis par ses forces de maréeforces de marée, il n’y avait pas de formation notable d’un disque d’accrétiondisque d’accrétion avec un transfert de matièrematière arrachée à la géante rouge. La vidéo ci-dessus accompagnait l’annonce de la découverte avec des explications.
L’article indique que la distance de V723 Monocerotis au Soleil était estimée à environ 460 +/-7 pc. Comme un parsecparsec vaut 3,26 années-lumière, cela faisait donc une distance d’environ 1 500 années-lumière.
V723 Monocerotis ou Gaia BH1 ?
Le nouveau buzz actuellement est autour des observations menées avec le télescope Gemini North observant dans le visible et l’infrarougeinfrarouge au sommet du Mauna Kea à Hawaï. La découverte est détaillée dans un article également publié dans MNRAS et que l’on peut aussi trouver sur arXiv.
Elle est présentée de la manière suivante par Kareem El-Badry, astrophysicienastrophysicien au Centre d’astrophysiqueastrophysique Harvard & Smithsonian et à l’Institut Max-Planck d’astronomie. « Prenez le Système solaireSystème solaire, mettez un trou noir là où se trouve le Soleil et le Soleil là où se trouve la Terre, et vous obtenez ce système. Bien qu’il y ait eu de nombreuses détections revendiquées de systèmes comme celui-ci, presque toutes ces découvertes ont ensuite été réfutées. Il s’agit de la première détection sans ambiguïté d’une étoile semblable au Soleil sur une large orbiteorbite autour d’un trou noir de masse stellaire dans notre Galaxie. »
En fait, il s’agit de la confirmation de l’existence de GaiaGaia BH1 que Futura avait annoncée dans le précédent article ci-dessous. GBH1 est un trou noir contenant environ 10 massesmasses solaires qui avait été débusqué par astrométrie en utilisant les observations du satellite Gaia de l’ESA. Le trou noir Gaia BH1 conduit l’étoile de type solaire en orbite autour de lui à effectuer une trajectoire en forme d’ellipse dont les caractéristiques permettaient déjà de déduire son existence. Mais Gaia pouvant faire aussi des mesures de vitesse radiale comme pour les exoplanètesexoplanètes, il avait été possible de donner plus de poids à la découverte et aujourd’hui c’est donc au tour des observations faites avec le Gemini North.
Toutefois, la distance de Gaia BH1 au Soleil est estimée à 490 pc, soit 1 600 années-lumière. Les mesures concernant V723 Monocerotis n’ayant pas encore été vraiment invalidées, il n’est pas encore certain que Gaia BH1 soit bien le plus proche trou noir connu à ce jour. Les deux astres sont certainement dans le peloton de tête en tout cas.
Article de Léa FournassonLéa Fournasson publié le 24/09/2022
C’est une première : les astronomesastronomes ont débusqué un « petit » trou noir dormantdormant à seulement 1.500 années-lumière du Soleil ! Si les scientifiques connaissaient l’existence de ce type de trous noirs, c’est la première fois qu’un tel astre est retrouvé dans notre Galaxie.
C’est la première fois que la découverte d’un trou noir dormant dans notre Galaxie est confirmée ! Dans une étude qui sera publiée dans la revue MNRAS, des chercheurs rapportent son identification grâce à une étoile similaire au Soleil, de type G et aussi appelée « naine jaunenaine jaune », mais dont l’orbite paraît étrange. Nommée Gaia BH1 par l’équipe (de son vrai nom Gaia DR3 4373465352415301632), elle se trouve à quelque 1.500 années-lumière de nous. L’équipe a déterminé son influence gravitationnelle grâce au catalogue de données révélé par la mission Gaia.
Et les résultats ont montré que l’étoile orbitait autour d’un objet de près de 10 masses solaires ! Or, s’il s’agissait d’une étoile ou de tout autre astre autre qu’un trou noir, il aurait été directement détecté par les rayonnements qu’il émettait. Mais là, rien. Seul un trou noir pouvait expliquer l’orbite de l’étoile !
Back in ~summer 2018, my PhD advisors and I started looking for dormant black holes orbited by normal, low-mass stars. Given many new stellar surveys, it seemed like it should be pretty easy! Four years and many “almosts” later: pic.twitter.com/uRLCT8NVZY
— Kareem El-Badry (@kjb_astro) September 16, 2022
Une centaine de millions de petits trous noirs se cachent dans la Voie lactée
Ces trous noirs stellairestrous noirs stellaires seraient courants dans la Voie lactée : elle en contiendrait près de 100 millions ! Issus d’étoiles très massives, ils se forment lors d’une supernovasupernova. Le cœur de l’étoile s’effondre sur lui-même pour devenir soit une étoile à neutronsétoile à neutrons, soit un trou noir. Souvent présents dans des systèmes binaires, ils aspirent leur étoile compagne dès lors qu’elle se trouve un peu trop proche d’eux, et sont d’ailleurs repérés de cette façon ! « Tous les précédents que nous avons observés sont dans des “binaires à rayons X” : le trou noir mange une étoile compagne, et il brille vivement dans les rayons Xrayons X lorsque l’énergie potentielleénergie potentielle gravitationnelle de ce matériaumatériau est transformée en lumière », explique le premier auteur de l’étude Kareem El-Badry, astrophysicien au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics (CfA).
Au total, seule une vingtaine de petits trous noirs ont été repérés à ce jour. « Mais ceux-ci ne représentent que la pointe de l’iceberg : une population beaucoup plus importante peut se cacher, se cacher dans des binaires plus largement séparés. La découverte de Gaia BH1 met en lumière cette population », s’enthousiasme K. El-Badry.
Ce petit trou noir est le plus proche de la Terre jamais découvert
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer, publié le 26 avril 2021
Il y a quelques mois seulement, les astronomes doutaient encore de leur existence. Aujourd’hui, ils annoncent la découverte de l’un des plus petits trous noirs jamais « observés ».
« La licorne ». C’est le surnom que les astronomes ont choisi d’attribuer à un trou noir qu’ils viennent de découvrir. D’une part, parce qu’il se situe dans la constellation du même nom. Et d’autre part, parce qu’il n’est pas tout à fait comme les autres. Il est présenté comme l’un des plus petits trous noirs jamais « observés ». Sa masse ne dépasse pas trois fois celle de notre Soleil. Se trouvant à seulement 1.500 années-lumière de notre Terre — soit toujours dans notre Voie lactéeVoie lactée –, il est aussi l’un des plus proches que les astronomes connaissent.
C’est en étudiant les données disponibles sur une étoile dite géante rouge que des astronomes de l’université d’État de l’Ohio (États-Unis) ont noté quelque chose d’anormal. Une distorsion provoquée par des forces de marée produites par quelque chose qu’ils ne pouvaient pas voir et qui semblait être en orbite autour de ladite étoile. Un trou noir ?
L’ennui, c’est que le trou noir en question aurait dû être vraiment petit. Une singularité, dans l’Univers. Du moins, du point de vue actuel des astronomes. Même si depuis une décennie, ils se demandaient si nos techniques et nos méthodes d’observation n’étaient tout simplement pas assez précises pour observer de tels trous noirs miniatures. Ou s’ils n’existaient tout simplement pas. Jusqu’à ce que des chercheurs — déjà de l’université d’État de l’Ohio — publient, fin 2019, quelques preuves solidessolides de leur existence
Beaucoup de petits trous noirs à découvrir ?
“Nous avons considéré les choses différemment.”
« Nous avons considéré les choses différemment. Tant de personnes avaient déjà étudié cette étoile. Mais au lieu de rejeter l’idée, nous nous sommes simplement demandé ce qui se passerait si c’était bien un trou noir », explique Kris Stanek, astronome, dans un communiqué de l’université d’État de l’Ohio.
Tout comme la LuneLune peut déformer les océans de la Terre, produisant des marées hautes et des marées basses, un trou noir peut en effet donner à une étoile la forme… d’une larmelarme. Voilà pour la théorie. La vitesse de la géante rouge, la période de l’orbite et la façon dont les forces de marée déforment l’étoile ont ensuite indiqué aux astronomes la masse de son compagnon trou noir. Seulement trois fois celle de notre Soleil.
Les astronomes espèrent désormais pouvoir identifier et localiser d’autres trous noirs de ce type. Des trous noirs qui devraient leur fournir des données utiles à mieux comprendre comment se forment, vivent et meurent les étoiles de notre Voie lactée. « À chaque fois que nous trouvons un nouveau trou noir, cela nous donne un indice sur les étoiles qui meurent en s’effondrant sur elles-mêmes, en explosant ou d’une manière intermédiaire », conclut Todd Thompson, chercheur à l’université d’État de l’Ohio.