Une usine de la Montérégie aux prises avec une surpopulation de cerfs sur son terrain propose des week-ends de chasse à l’arbalète à ses employés afin de réduire drastiquement son cheptel.
Actuellement, plus de 200 cerfs de Virginie se trouvent sur le terrain de l’usine General Dynamics située à Salaberry-de-Valleyfield.
Photo Agence QMI, Joël Lemay
Or, selon les estimations du ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs du Québec, seulement 25 bêtes devraient se trouver sur la propriété enclavée de 4,5 km2 afin d’avoir une population en santé.
Photo Agence QMI, Joël Lemay
L’entreprise a donc proposé à ses employés deux fins de semaine de chasse à l’arbalète d’ici le 11 décembre, dans le but d’abattre 75 femelles, selon une note interne consultée par Le Journal.
« Un permis spécial sera délivré par le ministère afin de pouvoir chasser hors-saison, hors quota et avec possibilité d’avoir plus d’une prise par chasseur », peut-on lire.
Les Services animaliers de Salaberry-de-Valleyfield ont été contactés à quelques reprises afin de récupérer des carcasses de cerfs morts sur ce terrain, affirme la Ville.
Morts de faim
Une autopsie a été effectuée sur deux cerfs de Virginie l’hiver dernier. Celle-ci a révélé qu’ils étaient morts de faim, peut-on lire dans la communication interne datée du 1er novembre.
« Des cerfs à forte densité, ça finit par affecter la biodiversité, le fonctionnement des écosystèmes. Ça broute et la régénération ne réussit pas à se faire », dit Jean-Pierre Tremblay, professeur au Département de biologie de l’Université Laval.
« Tout le monde aime les voir, mais je ne connais personne qui aime les voir souffrir et mourir de faim », précise un employé de l’usine de fabrication de munitions qui a souhaité garder l’anonymat.
Des collisions entre des véhicules de l’entreprise et des bêtes ont également eu lieu dans les dernières années.
« Parfois, tu es en véhicule et les cerfs traversent les chemins, c’est dangereux de les frapper », précise Marc Clermont, du Syndicat national des produits chimiques de Valleyfield.
Chasse réservée
Puisque des explosifs sont manipulés sur le terrain, seuls les employés possédant les qualifications requises sont autorisés à participer. Ceux-ci ne pourront utiliser que l’arbalète, puisqu’aucune arme à feu n’y est admise.
« Il faut savoir ce qu’on fait lorsqu’on tire à l’arbalète. Le risque est pas mal plus grand que l’animal ne meure pas sur le coup qu’avec une arme traditionnelle », dit Jean-Pierre Vaillancourt, professeur en médecine vétérinaire à l’Université de Montréal.
General Dynamics n’avait pas répondu aux questions du Journal mardi.
En 2021, 52 000 cerfs de Virginie ont été abattus au Québec, selon le MFFP.