Pour beaucoup, la question de la santé en Afrique renvoie surtout à des maladies infectieuses : paludisme, sida, tuberculose… A la malnutrition, aussi. Stéphane Besançon, lui, s’attelle depuis vingt ans à mettre à l’agenda une autre urgence sanitaire des pays du Sud : le diabète. « Mais comment des gens qui ne mangent pas à leur faim peuvent-ils avoir du diabète ? », demande-t-on encore souvent au biologiste et nutritionniste de formation, directeur général de Santé Diabète, l’organisation non gouvernementale qu’il a fondée en 2001, au Mali.
Cette maladie chronique, qui se caractérise par une hyperglycémie, est un fléau bien connu des pays riches, confrontés à des épidémies de surpoids et de sédentarité. Pourtant, sur les 537 millions de diabétiques vivant dans le monde (la plupart avec un diabète de type 2, non insulinodépendant), les trois quarts sont dans des pays à revenu faible ou revenu intermédiaire.
Pour améliorer leur accès aux soins et leur qualité de vie, Stéphane Besançon est sur tous les fronts, portant son combat jusqu’au plus haut niveau, où il est devenu un interlocuteur reconnu. Le 14 novembre, pour la Journée mondiale du diabète, il participe à un webinaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une instance qu’il connaît bien. Depuis 2018, il fait partie d’une commission de vingt-sept membres de la société civile choisis par l’organisation onusienne pour la conseiller. Il a été ainsi à la table des négociations qui ont abouti, en 2021, à une résolution de l’OMS pour garantir un accès universel à l’insuline, traitement du diabète de type 1. « Un engagement historique dans la lutte contre cette maladie, se réjouit Stéphane Besançon dans le café parisien où on l’a rencontré, lors d’un passage en France. L’insuline est un médicament vital pour des dizaines de millions de personnes, beaucoup n’y avaient pas accès, dans les pays à revenu limité, mais aussi aux Etats-Unis, où le coût est le plus élevé au monde. »
« Il a la capacité rare de partir du vécu de terrain et de le traduire en vision politique, au service de son objectif : aider » – David Beran (université de Genève)
« Sans Stéphane, on n’aurait probablement pas obtenu cette résolution », salue le chercheur David Beran (université de Genève), qui mène des projets de recherche avec lui depuis près de vingt ans. C’est quelqu’un qui a des valeurs et qui sait les défendre à tous les niveaux. Il a la capacité rare de partir du vécu de terrain et de le traduire en vision politique, au service de son objectif : aider. » Comme un poisson dans l’eau dans tous les milieux, y compris concurrentiels ou hostiles, tout en restant honnête, soulignent ses proches.
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