En annonçant, dimanche 13 novembre, le retour d’un volume horaire obligatoire de maths au lycée en 1re, le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, braque les projecteurs sur une discipline qui a choisi de sonner l’alarme sur son avenir par trois jours de discussions, du 14 au 16 novembre, lors d’Assises des mathématiques à l’Unesco, organisées par le CNRS.
La matière se trouve en effet dans une situation délicate, entre des constats flatteurs mais une multitude de nuages sombres qui inquiètent pour son futur. « Risque de déclassement », « sous-financement », « évolution alarmante »… sont des mots employés par le premier état des lieux de la discipline établi par le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres), le 9 novembre, en amont des Assises.
Lors de cet événement, les sept groupes de travail ont également dressé des constats proches sur l’enseignement, l’innovation, les carrières, le financement, la place des maths dans la société… avec des propositions mises en débat qui visent à redresser la barre. « Nous espérons un plan national pour les maths car on a besoin d’une mobilisation de la communauté et d’une réflexion générale sur notre discipline et ses interactions », rappelle Stéphane Jaffard, responsable des assises et professeur à l’université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne, qui publiera un livre blanc avant la fin de l’année. « Cela doit permettre de prendre conscience de l’importance des maths dans nos sociétés, au-delà des souvenirs d’élèves que les gens en ont. Cartes bancaires, ordinateurs… tout repose sur des maths, rappelle Philippe Biane (CNRS), copilote du groupe “Maths en prise avec le monde réel”. On ne peut pas se permettre de perdre ces compétences, sinon on le paiera cher. » « On joue notre futur », renchérit Rémi Monasson (CNRS), copilote du groupe dit « Maths et société ».
Faire parler des non-matheux
« Les précédents colloques étaient trop dans l’esprit “les matheux parlent aux matheux”, sans beaucoup d’impact hors de notre communauté. D’où l’idée, cette fois, de faire parler prioritairement des non-matheux qui expriment les nouveaux besoins de maths qu’ils rencontrent. Et le constat est clair, on n’en a jamais eu autant besoin », insiste Stéphane Jaffard. Sans maths, impossible de relever les défis concernant la santé, le climat, l’énergie, les transports… qui nécessitent de modéliser, d’optimiser, d’analyser… Un rapport socio-économique du CNRS estime d’ailleurs à 17,6 % du PIB l’impact des mathématiques en 2019 en France.
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