L’étude, publiée mardi dans le journal scientifique BMJ Global Health, estime qu’entre 670 millions et 1,35 milliard jeunes risquent d’endommager leur système auditif, voire une perte totale d’audition, en raison du volume sonore auquel ils s’exposent.
“Sans la musique, la vie serait une erreur”, écrivait le philosophe allemand Friedrich Nietzsche. Certes, mais l’écouter à un volume trop élevé, et trop longtemps en est une autre. C’est le constat rappelé par l’étude parue mardi dans la revue scientifique BMJ Global Health. Or, c’est un risque auquel le jeune public s’expose bien trop souvent, soulignent ses rédacteurs.
Des pratiques d’écoute dangereuses
La proportion des adolescents ou des jeunes adultes mettant leur audition en péril à cause du niveau sonore répercuté par leur casque, leurs écouteurs ou les baffles des concerts – et à cause de la durée du tintamarre – lorgne sur le milliard d’individus voire le dépasse.
Lauren Dillard, chercheuse affiliée à la faculté de médecine de Caroline du Sud, experte auprès de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et surtout coordinatrice de l’étude publiée par BMJ Global Health, a chiffré le phénomène auprès de CNN. “Nous avons estimé de 670 millions à 1,35 milliard le nombre des individus âgés de 12 à 34 ans ayant des pratiques d’écoute dangereuses à travers le monde”, a-t-elle déclaré.
Les chercheurs ont exploité les éléments tirés d’une série d’articles – diffusés entre 2000 et 2021 – portant sur trois bases de données distinctes.
Un seuil largement dépassé
Cette jauge est la principale information de cette étude dont le constat autour de l’effet délétère sur la santé auriculaire d’un son trop fort pendant trop longtemps relève du bon sens, et dont le mécanisme est bien connu des experts.
Un son excessif fatigue les cellules agissant comme des capteurs. En cas de prolongement de l’épreuve, celle-ci peut entraîner des dommages permanents, des acouphènes voire une perte d’audition.
Très bien, mais comment savoir si le niveau sonore a dépassé la limite du raisonnable pour devenir excessive? L’équipe à l’origine de cette nouvelle étude s’est fondée sur le seuil fixé par le Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies (USCDCP): soit 85 décibels sur 40 heures réparties sur une semaine.
Le problème, c’est qu’en écoutant 2h30 de musique dans la journée, on grille déjà habituellement jusqu’à 92 décibels, note CNN. Ce dépassement est d’autant plus facile que l’utilisateur de casque ou d’écouteurs monte parfois le son jusqu’à 105 décibels. Et les “amplis” de concert crachent en général entre 104 et 112 décibels.
Le bon sens près de vos oreilles
Le site de la chaîne américaine livre alors quelques conseils pour limiter les risques. On peut chausser un casque isolant au mieux des bruits de l’extérieur; régler les paramètres de son portable, ordinateur et autre appareil de sorte à surveiller le niveau sonore; voire mettre en place des alertes avertissant l’auditeur qu’il ferait mieux de calmer le jeu.
Si ces préventions ne fonctionnent pas, ou si on les a négligées, un signe permet indubitablement de s’assurer qu’on doit absolument revoir le volume à la baisse, pose Lauren Dillard auprès du média américain: le bourdonnement des oreilles.