Sophie Adenot fait partie des cinq personnes choisies pour faire partie de la nouvelle promotion d’astronautes européens. Cette pilote et ingénieure a passé une grande partie de sa carrière dans l’Armée de l’air.
Dans sa chambre d’enfant, un seul poster en guise de décoration: celui d’une fusée. Sophie Adenot a 40 ans aujourd’hui et elle ne se contente plus de regarder des vaisseaux couchés sur le papier. D’ici quelques années, elle va pouvoir voyager à bord de ces engins.
Sophie Adenot fait partie des cinq personnes retenues pour rejoindre la nouvelle promotion d’astronautes européens, dévoilée mercredi par l’Agence spatiale européenne (ESA). Il s’agit de la deuxième française, après Claudie Haigneré en 1999, à intégrer ce corps ultra-sélectif.
C’est d’ailleurs sa prédécesseure qui lui a donné envie de faire ce métier. Sur BFMTV, ce jeudi, Sophie Adenot raconte que son premier déclic pour s’orienter vers un cursus scientifique a été la lecture de la biographie de Marie Curie à 12 ans. Sa deuxième révélation: voir Claudie Haigneré partie en mission spatiale. Celle-ci est notamment partie pendant 16 jours, en 1996, en vol habité franco-russe dans le cadre de la mission Cassiopée.
“À partir de maintenant, je fais tout ce qu’il faut pour en arriver là”, s’est alors dit Sophie Adenot, raconte-t-elle sur BFMTV.
Un passage à Supaéro et au MIT
Originaire de Bourgogne, elle a étudié à l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace (ISAE-Supaéro), à Toulouse, et au MIT, aux États-Unis. Son premier emploi a été chez Airbus: elle y a travaillé comme ingénieure de recherche en conception de cockpits d’hélicoptère.
Elle finit toutefois par se sentir plus attirée par l’intérieur du cockpit. En 2005, elle intègre donc l’Armée de l’air. Elle y débute en tant que “pilote de recherche et de sauvetage sur la base aérienne de Cazaux et a participé à plusieurs vols de sauvetage dans des environnements désertiques et hostiles”, explique l’ESA sur son site.
La nouvelle astronaute a ensuite été cheffe de vol de formation et capitaine de mission au sein de l’escadron de transport de haute autorité de Villacoublay et pilote d’essais d’hélicoptères – la première femme à occuper ce poste en France.
Ce poste consiste à “tester les nouvelles technologies qui vont être installées à bord des avions ou des hélicoptères”, pour s’assurer qu’ils vont être “performants” et qu’ils remplissent les conditions de sécurité, explique la nouvelle astronaute sur BFMTV jeudi.
À ce titre, le lieutenant-colonel a essayé 22 différents types d’engins. Lors de sa carrière, elle a enregistré “3000 heures de vol”, a-t-elle déclaré mercredi lors de la conférence de presse de l’ESA.
Sélectionnée parmi plus de 22.500 candidats
Cette mère d’un petit garçon peut désormais ajouter la ligne “astronaute” sur son CV. Pour accéder à ce poste, Sophie Adenot a dû passer les différentes étapes d’un processus de sélection qui a duré plus d’un an, avec évaluation psychologique, tests médicaux, entretiens…
“Je m’y étais préparée, maintenant on n’est jamais vraiment confiants quand on sait qu’il y a 22.500 candidats qui postulent. C’est un travail de préparation très long et chaque étape apporte son lot de suspens avant d’avoir la réponse finale”, raconte-t-elle sur BFMTV mercredi.
Une préparation couronnée de succès, même si le travail est loin d’être fini. La pilote va “retourner à l’école” au printemps 2023, pour suivre une formation qui se tiendra notamment au Centre européen des astronautes à Cologne, en Allemagne.
Pas de mission avant quelques années
Il s’agit d'”un an d’entraînement de base où on apprend tous les systèmes spatiaux, toutes les matières de mécanique spatiale, tous les éléments qui nous permettront de comprendre comment opérer les systèmes de base de la station spatiale internationale”, explique-t-elle jeudi.
Viendra ensuite la partie opérationnelle: “Quand une mission est prévue pour un astronaute désigné, là on va passer sur le ‘mission specific training’ [entraînement visant à une mission spécifique, NDLR] et ça, ça dure deux ans en général”.
Le tout pour un départ dans l’espace qui ne devrait donc pas avoir lieu avant 2026. “C’est le grand minimum” explique l’ingénieure, le cycle ne commençant qu’en 2023. Thomas Pesquet par exemple, de la promotion d’astronautes européens de 2009, a dû attendre 2016 pour effectuer sa première mission.
Si une mission dans l’espace peut paraître stressante, Sophie Adenot peut compter sur certaines de ses nombreuses compétences pour se détendre: sur BFMTV, ce jeudi, elle confie être aussi professeure de yoga.