«Moi, je n’avais pas envie de voir ailleurs et je finissais par me comparer»: lorsque son premier copain lui a proposé d’ouvrir leur couple, Roxane a accepté par dépit, parce qu’il avait, dit-elle, une plus grande libido que la sienne.
«J’avais l’impression que ses autres fréquentations étaient toutes plus ouvertes d’esprit que moi», confie la jeune femme.
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S’il n’existe pas, à proprement parler, de bonnes ou de mauvaises raisons d’ouvrir le couple, la différence de libido entre les partenaires ne mènent généralement pas à de bons résultats, remarque la sexologue Malicia Hotton. Elle ajoute que la non-monogamie doit être vue «comme une addition et non une compensation pour des manques dans le couple».
«Si la personne se sent obligée ou est motivée par la peur de perdre l’autre, ça ne fonctionnera pas. Dès qu’on éprouve ce genre de malaise, il faut en discuter avec le ou la partenaire», souligne-t-elle, tout en insistant sur l’importance d’un consentement enthousiaste et éclairé des deux membres du couple.
La non-monogamie encore taboue
Parce que Roxane n’était pas chaude à l’idée d’ouvrir son couple, elle a demandé à son copain de ne pas lui parler des autres personnes qu’il voyait.
«Il me parlait d’amies. Je me doutais que c’était plus que ça, mais ce n’était jamais dit. Ça a commencé à prendre beaucoup de place entre nous et je m’inquiétais pour les ITSS. Je ne savais pas qui il voyait et s’il se faisait dépister», confie-t-elle.
Elle et son copain ont finalement décidé de se laisser. En repensant à son expérience, Roxane regrette de ne pas avoir su comment naviguer dans une relation ouverte. «Je n’avais jamais vu de couple ouvert autour de moi. Je ne savais pas si les malaises que je ressentais étaient normaux ou non.»
La stigmatisation des relations non monogames peut effectivement avoir un effet isolant, souligne Malicia Hotton. Les personnes qui s’y adonnent pour la première fois choisissent souvent de ne pas en parler à leurs proches pour ne pas être jugées, ajoute-t-elle.
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Un travail sur soi nécessaire
Lorsque Charlène a tenté la non-monogamie pour la première fois, elle sortait d’une relation exclusive de quatre ans.
«Je m’étais fait laisser pour quelqu’un d’autre et ça m’avait beaucoup blessée. J’avais l’impression qu’en faisant ça [la non-monogamie], je ne serais plus abandonnée», se remémore-t-elle.
Elle a alors commencé à fréquenter quelqu’un avec qui elle a décidé de former un couple ouvert.
«Avec le recul, les deux on utilisait le couple ouvert comme une béquille pour nos traumas personnels, confie la jeune femme. C’était toxique!»
Lorsque l’autre personne avec qui elle était en couple a commencé à fréquenter quelqu’un d’autre plus sérieusement, c’en était trop pour elle. Elle s’est mise à se sentir anxieuse et laissée de côté, avant de se rendre compte que la personne avec qui elle était en couple ouvert était dans une autre relation monogame.
Malgré la déception de l’échec de cette première expérience non monogame, elle ne ferme pas définitivement la porte aux relations ouvertes. «J’aimerais retenter l’expérience, mais je pense que j’aurais besoin de régler certains problèmes en thérapie d’abord», confie-t-elle.
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Un projet de couple
L’un des secrets pour réussir un couple ouvert, c’est la communication, insiste Malicia Hotton.
Veut-on ouvrir le couple, faire du polyamour ou plutôt du libertinage? Recherche-t-on de nouveaux partenaires sexuels ou plutôt romantiques? Veut-on être mis au courant des aventures de son ou sa partenaire? Y a-t-il des gestes qui ne peuvent être faits avec d’autres partenaires? Ce sont des questions dont les couples devraient discuter tôt dans le processus, selon la sexologue.
«Le contrat de couple est à refaire de manière explicite et claire pour que toutes les parties y consentent», précise la sexologue, ajoutant que l’arrangement ne plaît pas toujours du premier coup et que des ajustements sont parfois nécessaires.
«Il faudra avoir plusieurs discussions et laisser mûrir ce qu’on ressent. Un couple, c’est une entité vivante qui change et qui grandit. Pour ça, il faut communiquer avec honnêteté et se faire confiance», conclut-elle.
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