Les Européens se croyaient bénis des dieux de ne pas subir les raids voraces des terribles fourmis légionnaires. En réalité, la providence les a éliminées du continent. Pour la première fois, des scientifiques en ont retrouvé un fossile magnifiquement conservé dans l’ambre. Extrait de la Baltique vers 1930, il traînait depuis lors dans un tiroir obscur du Musée de géologie comparée de l’université Harvard. L’insecte de 3 millimètres, vieux d’environ trente-cinq millions d’années, appartient à une lignée jusqu’ici inconnue et manifestement éteinte. Dépourvue d’yeux, cette fourmi se rapproche d’une autre lignée de fourmis aveugles présente en Afrique et en Asie du Sud, nommée Dorylus. Baptisée Dissimulodorylus perseus, elle présente des mandibules acérées et une « glande antibiotique hypertrophiée » témoin, selon les chercheurs, d’un mode de vie exclusivement souterrain. Jusqu’ici, le seul fossile de fourmi légionnaire exhumé, évalué à 16 millions d’années, provenait des Caraïbes.