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Moins prescrits, les progestatifs restent sous surveillance


L’acétate de cyprotérone, commercialisée sous le nom d’Androcur (Bayer), a vu ses prescriptions fortement baisser depuis 2018. Ce dérivé de la progestérone inhibe les effets des hormones sexuelles mâles. Les mesures prises par l’Assurance-maladie et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) depuis 2018 ont permis de réduire le risque de méningiome lié à l’utilisation de ce progestatif s’est félicitée l’ANSM, jeudi 1er décembre, citant l’étude du groupement d’intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare, conduite à partir du Système national des données de santé (SNDS) portant sur la période 2010-2021. La molécule, commercialisée depuis les années 1980, était à l’origine prescrite pour lutter contre l’hirsutisme puis a été utilisée comme contraceptif et dans le cadre de transition de genre.

Le risque de méningiome, une tumeur cérébrale le plus souvent bénigne, est multiplié par sept pour les femmes traitées avec de fortes doses d’acétate de cyprotérone sur une longue période (plus de six mois) et par vingt après cinq années de traitement avec un comprimé de 50 mg par jour, avait mis en évidence une étude de l’Assurance-maladie publiée dans le British Medical Journal. « Plus la dose est forte, plus le risque est important avec un risque particulièrement fort dans la partie antérieure de la base du crâne », a pointé Alain Weill, directeur adjoint du GIS Epi-Phare.

Baisse de 88 % des femmes traitées

C’est Sébastien Froelich, alors neurochirurgien à Strasbourg – et aujourd’hui à Lariboisière (Paris) –, qui avait d’abord lancé l’alerte en 2007, après avoir pris en charge plusieurs patientes qu’il avait dû opérer de nombreux méningiomes, et qui prenaient de l’Androcur. À la suite de l’étude qu’il avait conduite, l’ANSM avait averti l’Agence européenne des médicaments en 2009 sur ce risque, et l’avait fait ajouter sur les notices de l’Androcur et ses génériques. Ce risque augmenté a ensuite été quantifié lors de nouvelles études pharmacologiques, conduisant les agences sanitaires à informer les professionnels de santé et les patients, des indications visant à limiter l’utilisation de ces molécules et à inciter au dépistage des méningiomes par IRM cérébrale.

Une diminution du nombre d’ablations chirurgicales de méningiomes a aussi été constatée

En conséquence, le nombre de personnes traitées par acétate de cyprotérone à forte dose a considérablement diminué fin 2021, passant à 7 900 personnes, contre 55 000 en août 2018 et 85 000 en janvier 2010, avec une baisse plus marquée pour les femmes (- 88 %) que pour les hommes (- 69 %) ou les femmes transgenres (- 50 %), selon l’étude du GIS. « Cette étude est la première à démontrer le changement profond des pratiques depuis 2018 », a précisé Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale de l’ANSM.

Le risque existe aussi pour l’acétate de nomégestrol (Lutényl et ses génériques) et l’acétate de chlormadinone (Lutéran et génériques), deux autres traitements progestatifs, pris par 450 000 femmes par an. « Tous les progestatifs sont sous surveillance », a précisé l’agence.

Une diminution du nombre d’ablations chirurgicales de méningiomes a aussi été constatée : 7 femmes ont subi des opérations de méningiomes associées à l’acétate de cyprotérone en 2021, contre 95 en 2017, indique l’ANSM. « La taille des méningiomes associés à l’acétate de cyprotérone diminue ou se stabilise à l’arrêt du traitement, leur ablation systématique par une intervention chirurgicale lourde et à risque n’est pas à privilégier », a précisé Isabelle Yoldjian, de l’ANSM.

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Written by Milo

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