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Prévenir les nausées causées par la chimiothérapie


Une étude rapporte que les nausées provoquées par les toxines alimentaires et certains médicaments de chimiothérapie sont causées par un message nerveux similaire. Cette découverte ouvre la voie à de nouveaux médicaments capables d’atténuer cet effet secondaire très important du traitement de plusieurs cancers.

Lors d’une intoxication alimentaire, la présence d’aliments contaminés (par une toxine bactérienne, la plupart du temps) est détectée par le cerveau et déclenche une série de réponses défensives. Ces réponses comprennent des réflexes moteurs tels que des haut-le-cœur et des vomissements pour favoriser l’expulsion de la toxine du corps, de même qu’une sensation désagréable de malaise (nausée) qui sert à développer une aversion envers les saveurs responsables de cet épisode malheureux et ainsi empêcher l’ingestion future de la même toxine. C’est pour cette raison qu’une personne qui a été malade à la suite de l’ingestion d’un aliment contaminé peut être dégoûtée pendant de longues périodes par la simple pensée de remanger cet aliment.

Effets secondaires majeurs

Bien qu’elles soient essentielles pour la survie, ces réponses défensives pour protéger l’organisme des toxines représentent paradoxalement la principale cause des effets secondaires graves des médicaments de chimiothérapie. Certains médicaments couramment utilisés pour traiter plusieurs types de cancers (cisplatin, carboplatin, cyclophosphamide, irinotecan et plusieurs autres) entraînent en effet des nausées et des vomissements chez un nombre important de patients, et même si des médicaments antiémétiques peuvent réduire ces effets secondaires, il n’en demeure pas moins qu’ils représentent un problème majeur pour la qualité de vie des patients et peuvent diminuer leur adhésion au traitement (1).


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Circuits nerveux

Même si le phénomène est très fréquent, la façon dont le cerveau reçoit le signal d’alarme, puis en envoie un autre pour dire à l’estomac d’initier le vomissement demeure étonnamment peu comprise.

Une nouvelle étude, récemment publiée dans la prestigieuse revue Cell, apporte de nombreuses réponses à cette question en montrant que les toxines bactériennes et les médicaments de chimiothérapie semblent déclencher des messages neuronaux similaires au niveau de l’intestin, résultant dans les deux cas à l’apparition de nausées (2).

Les chercheurs ont tout d’abord montré que des souris ayant ingéré une toxine bactérienne avaient des haut-le-cœur, caractérisés par des contractions de leurs muscles abdominaux, comme le font les estomacs des humains lorsqu’ils sont sur le point d’être malades. Ce comportement a été également observé par suite de l’administration d’un médicament de chimiothérapie, suggérant qu’un mécanisme commun est à l’œuvre.

Des études plus poussées ont mené à la découverte de cellules de l’intestin grêle qui réagissaient à la présence de ces substances nocives et envoyaient un message au cerveau, plus précisément vers un groupe de neurones localisés dans le faisceau solitaire, une région du bulbe rachidien dans le cerveau. Ce lien intestin-cerveau impliquerait la production d’une molécule du système immunitaire appelée interleukine 33 (IL-33), car la manipulation génétique des animaux pour empêcher la fabrication de cette molécule réduit la réponse émétique aux toxines bactériennes et aux médicaments de chimiothérapie.

L’identification de cet axe immunoneuroendocrinien soulève l’intéressante possibilité que des médicaments qui interfèrent avec l’IL-33 (ou d’autres acteurs de cette voie) puissent aider à soulager la souffrance des personnes traitées par chimiothérapie et ainsi améliorer grandement leur qualité de vie. Un pas de plus dans une meilleure gestion thérapeutique du cancer.

(1) Hesketh PJ. Chemotherapy-induced nausea and vomiting. N. Engl. J. Med. 2008 ; 358 : 2482-2494.

(2) Xie Z et coll. The gut-to-brain axis for toxin-induced defensive responses. Cell 2022 ; 185 : 4298-4316.e21.



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Written by Pierre T.

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