Pour entendre, nous avons besoin d’une oreille fonctionnelle mais aussi de neurones qui s’activent correctement dans notre cerveau. Une étude récente montre comment une suractivation des neurones du cortex auditif peut être à l’origine du problème d’audition.
Dans les environnements bruyants, comme un repas en famille, les personnes âgées peuvent éprouver des difficultés à entendre et comprendre une conversation. Selon les scientifiques de l’université Johns-Hopkins à Baltimore, aux États-Unis, le problème ne viendrait pas d’une défaillance de leur oreille mais de leur cerveau.
Quand les sons sont noyés dans le bruit
En effet, ils ont comparé l’activation de plus de 8 000 neurones dans le cortex auditif, la zone du cerveau qui s’occupe de l’analyse des sons perçus par les oreilles, chez des souris jeunes (2 à 6 mois) et âgées (16 à 24 mois). Pour savoir si les souris ont effectivement entendu le stimulus sonore, les scientifiques les ont entraînées à lécher une pipette d’eau quand elles percevaient un son. L’exercice a été reproduit dans deux conditions, avec un son seul et avec un son noyé dans un bruit blanc. Les comportements des souris jeunes et âgées ont alors pu être comparés.
Les souris âgées, surtout les mâles, ont moins léché la pipette quand elles étaient exposées à un son entouré d’un bruit blanc, ce qui laisse supposer qu’elles n’ont pas perçu le stimulus sonore. Certains animaux ont aussi léché la pipette avant la présence du stimulus sonore. Les jeunes souris n’ont pas montré de difficulté. Les scientifiques ont alors analysé l’activation des neurones dans le cortex auditif avec une technique appelée microscopie par excitation à deux photons, qui permet de visualiser l’activité de milliers de neurones en même temps in vivo.
Un flou cérébral évitable ?
En temps normal, le cerveau fonctionne normalement, même en présence d’un bruit ambiant. Certains neurones s’activent suite à la présence de stimuli sonores quand d’autres se désactivent. Mais chez les souris âgées, il y a trop de neurones actifs en même temps ; les neurones qui doivent rester inactifs fonctionnent quand même en présence du bruit blanc. Les scientifiques ont observé jusqu’à deux fois plus de neurones actifs dans le cortex cérébral des vieilles souris en comparaison aux jeunes. « Chez les animaux plus âgés, le bruit ambiant semble rendre l’activité des neurones plus “floue”, perturbant la capacité à distinguer les sons individuels », explique Patrick O. Kanold, biologiste à l’université Johns-Hopkins et premier auteur de l’étude parue dans The Journal of Neuroscience.
La bonne nouvelle, c’est que les scientifiques pensent que ce « flou cérébral » pourrait être atténué grâce à des entraînements cérébraux spécifiques. Voilà une piste de recherche intéressante qui pourrait aider les personnes âgées à mieux entendre. La perte d’audition ou presbyacousie concerne près de 30 % des personnes âgées de 60 ans et un octogénaire sur deux.