Si la possibilité de dépression du post-partum des mères est de mieux en mieux connue du grand public, celle des pères l’est beaucoup moins. Pourtant, dans les semaines qui suivent une naissance, les pères sont aussi à risque de faire une dépression. Ce phénomène n’est pas si rare puisqu’il survient chez un père sur dix et chez presque deux mères sur dix. Quel est l’impact du congé paternité de deux semaines sur la santé mentale des pères ? Mais aussi des mères ?
Depuis le 1er juillet 2021, le congé paternité est de quatre semaines rémunérées. Il était auparavant de deux semaines rémunérées. Il a déjà été montré que celui-ci est bénéfique pour le partage plus équitable des tâches ménagères et des missions d’éducation des enfants. Il a aussi des conséquences positives sur le développement émotionnel, psychologique et social du bébé. Mais qu’en est-il de la santé mentale du père ? De la mère ? Cette étude a analysé l’impact de deux semaines de congé paternité rémunérées et sans risque de perte d’emploi sur la santé mentale de 10 000 couples hétérosexuels.
Le congé paternité réduit le risque de dépression du post-partum chez le père…
Les données sont issues de l’étude cohorte Elfe comprenant plus de 13 000 mères et près de 11 000 pères ayant accueilli un enfant en 2011. Pour chacun des couples, il était indiqué si le père avait pris son congé paternité de deux semaines ou avait l’intention de le prendre. Aux deux mois de l’enfant, un questionnaire a été soumis à chacun des participants pour dépister un syndrome dépressif ou non :
- parmi les pères ayant déjà pris un congé paternité (64 %), 4,5 % présentaient un syndrome de dépression du post-partum ;
- parmi les pères projetant de prendre un congé paternité (17 %), 4,8 % présentaient un syndrome de dépression du post-partum ;
- parmi les pères n’ayant pas pris de congé paternité et ne projetant pas d’en prendre un (19 %), 5,7 % présentaient un syndrome de dépression du post-partum.
Mais l’augmente chez la mère !
La tendance était inverse chez la mère :
- parmi les mères dont le conjoint avait pris un congé paternité, 16,1 % présentaient un syndrome de dépression du post-partum ;
- parmi les mères dont le conjoint avait l’intention de prendre un congé paternité, 15,1 % présentaient un syndrome de dépression du post-partum ;
- parmi les mères dont le conjoint n’avait pas pris de congé paternité, 15,3 % présentaient un syndrome de dépression du post-partum.
On peut en conclure que la durée de deux semaines du congé paternité n’est peut-être pas suffisante pour réduire le risque de dépression du post-partum chez la mère. Les antécédents de dépression chez les mères n’ont pas pu être correctement évalués : les conjoints de femmes ayant des antécédents de dépression ont peut-être plus volontiers pris leur congé paternité. D’autres travaux sont nécessaires afin d’évaluer plus précisément l’impact du congé paternité depuis qu’il a été allongé à quatre semaines.