Pierre T.
Mitsubishi veut devenir le plus grand vendeur de crédits de suppression de carbone au monde. Il faut garder à l’esprit que l’entreprise est impliquée dans de nombreux secteurs les plus polluants – de la production de voitures au gaz naturel, au charbon, aux produits pétrochimiques et en plastique. Et les crédits de carbone sont devenus un moyen populaire pour les entreprises de continuer à polluer tout en prétendant lutter contre le changement climatique.
Cette semaine, l’entreprise a annoncé une coentreprise pour établir ce qu’elle affirme être le plus grand portefeuille de crédits de suppression de carbone au monde. Les crédits représentent des tonnes de dioxyde de carbone retirées de l’atmosphère grâce à une série de tactiques encore controversées pour faire face au changement climatique.
La nouvelle entreprise, appelée NextGen, crée un nouveau marché pour les crédits de compensation carbone. Mitsubishi et son partenaire dans l’entreprise, un développeur de projets appelé South Pole, prévoient de connecter d’autres entreprises à des projets de suppression de carbone afin qu’elles puissent acheter des crédits pour compenser une partie de leurs émissions de gaz à effet de serre. Le plan est similaire à une initiative lancée par Stripe, Alphabet, Meta, Shopify et McKinsey l’année dernière.
NextGen a obtenu des engagements d’entreprises pour l’achat d’environ 200 000 tonnes métriques de crédits de suppression de carbone. Cela équivaut seulement à annuler la pollution d’une seule centrale électrique à charbon pendant un semestre. Mais en tant que marché naissant, ces 200 000 tonnes métriques représentent déjà un quart de ce type d’achats de suppression de carbone à ce jour. C’est également un investissement énorme – probablement des dizaines de millions de dollars – dans des technologies émergentes qui sont encore prohibitives en termes de coût. Mitsubishi affirme qu’il vise un prix moyen de 200 dollars par tonne, mais le taux actuel des crédits peut être trois fois supérieur ou plus. Les acheteurs qui se sont engagés jusqu’à présent incluent Boston Consulting Group, les entreprises bancaires UBS et LGT, l’assureur géant Swiss RE et le géant maritime Mitsui O.S.K. Lines. Jusqu’à présent, ils achètent des crédits de trois types différents de projets, et chacun d’eux a été controversé.
Toutes ces mesures sont encore assez peu prouvées en tant que solutions au changement climatique. Et l’initiative de Mitsubishi fait suite à des décennies d’échecs dans des marchés similaires de crédits carbone pour des schémas de compensation plus anciens, basés sur la nature, tels que la plantation d’arbres. Le moyen le plus important d’empêcher le changement climatique de s’aggraver est d’arrêter de produire des émissions de gaz à effet de serre provenant des combustibles fossiles en premier lieu, et cela est quelque chose que tout plan de compensation ou de capture de carbone échoue à faire.
