L’énergie solaire spatiale a commencé comme un concept de science-fiction et le reste encore.

LA STATION SOLAIRE SPATIALE: UNE IDÉE FASCINANTE MAIS PEU PRATIQUE

La scène: Une station de conversion d’énergie solaire basée dans l’espace appelée le Convertisseur est en cours de mise en service dans un futur indéterminé. Les personnages: Deux astronautes, Powell et Donovan, et un robot nommé QT-1 ("Cutie" pour ses amis humains). L’intrigue: Les astronautes entraînent Cutie à prendre en charge les opérations de la station, qui consistent à collecter l’énergie solaire dans l’espace et à la diriger sous forme de faisceaux intenses de micro-ondes vers la Terre.

Selon l’histoire courte de 1941 d’Isaac Asimov "Raison", la plupart de l’histoire tourne autour des Trois Lois de la Robotique d’Asimov et de la relation des humains avec le robot. Cependant, la station elle-même vaut la peine d’être examinée de plus près. Il est clair qu’Asimov n’avait aucune idée de comment un système comme le Convertisseur fonctionnerait réellement, sauf de manière très basique. Voici comment Powell essaie de l’expliquer à Cutie:

"Notre faisceau alimente ces mondes en énergie tirée de l’un de ces énormes globes incandescents qui se trouve près de nous. Nous appelons ce globe le Soleil et il est de l’autre côté de la station où tu ne peux pas le voir."

DES DÉFIS À SURMONTER POUR LA MISE EN ŒUVRE DE L’ÉNERGIE SOLAIRE SPATIALE

L’idée de capter l’énergie du soleil dans l’espace est certainement séduisante. Il y a une décennie, nous avons présenté un projet à l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise qui visait à lancer une station solaire de 1 gigawatt d’ici 2031. Comme première étape dans cette direction, la JAXA prévoit de démontrer un petit satellite transmettant 1 kilowatt d’énergie vers la Terre depuis une altitude de 400 kilomètres l’année prochaine. Nous avons également rapporté sur le projet démonstrateur SSPD-1 de Caltech et les 100 millions de dollars américains d’un donateur milliardaire qui le finance.

Un projet solaire spatial "gaspillerait du capital qui pourrait être mieux dépensé pour améliorer des moyens moins risqués de renforcer les énergies renouvelables, comme les batteries, l’hydrogène et les améliorations du réseau."

Malgré tout, l’énergie solaire spatiale reste plus de science-fiction que de réalité scientifique, comme l’écrit Henri Barde dans "Châteaux dans le ciel?". Barde devrait le savoir: il a récemment pris sa retraite de l’Agence spatiale européenne, où il a entre autres évalué les systèmes d’énergie spatiale. Comme le souligne abondamment l’article de Barde, cette énergie propre demanderait un coût énorme, si elle peut être réalisée, "[gaspillant] du capital qui pourrait être mieux dépensé pour améliorer des moyens moins risqués de renforcer les énergies renouvelables, comme les batteries, l’hydrogène et les améliorations du réseau."

DES DÉFIS TECHNIQUES POUR LA MISE EN ŒUVRE DE L’ÉNERGIE SOLAIRE SPATIALE

Par exemple, la société Space Solar basée au Royaume-Uni estime qu’elle aura besoin de 68 (!) lancements de SpaceX Starship pour envoyer tous les équipements nécessaires à la construction d’un réseau solaire de 1,7 km de long en orbite. Peu importe que SpaceX n’ait pas encore lancé avec succès un Starship en orbite et ramené intact. Même si la société peut éventuellement réduire le prix à 10 millions de dollars par lancement, nous parlons toujours de centaines de millions de dollars de coûts de lancement. Nous n’avons pas non plus de Cuties réels pour construire une telle station. Et les stations terrestres et les rectennas nécessaires pour recevoir l’énergie rayonnée et la mettre sur le réseau sont encore de simples points lointains sur la carte du chemin dans une proposition de recherche de plusieurs millions de dollars.

Les ingénieurs sont souvent inspirés par la science-fiction. Mais l’inspiration ne va qu’à un certain point. L’énergie solaire spatiale restera de la science-fiction pour un avenir prévisible. Pour la tâche monumentale d’électrifier tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, il est préférable de se concentrer sur des solutions basées sur une technologie déjà en main, comme la géothermie conventionnelle, l’énergie nucléaire, l’éolien et le solaire terrestre, plutôt que de perdre du temps, des ressources cérébrales et de l’argent dans un fantasme.

Cet article apparaît dans le numéro imprimé de juin 2024 sous le titre "Le fossé entre l’imagination et la faisabilité."

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Written by Mathieu

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