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Notre voisine la Planète rouge ne s’appelle pas Mars par hasard, c’est bien sûr sa couleur rouge bien visible à l’œil nu depuis la Terre, qui lui vaut ce nom du dieu de la Guerre à Rome (hérité de Babylone et de la Grèce). Alors, quand deux millénaires après César, de 1962 à 1971, les sondes Mariner dévoilèrent pour la première fois des détails de Mars comme on n’en avait jamais vu auparavant, révélant un monde désolé et sec, et arborant une énorme balafre longue de près de 4.000 kilomètres, comment ne pas penser au visage d’un guerrier blessé. Nommée Valles Marineris en l’honneur de Mariner 9 qui a fait sa découverte, cette blessure impressionnante par ses dimensions n’est autre que le plus long, le plus large et le plus profond canyon du Système solaire.
Sa formation serait liée à la plaque tectonique qui s’est déchirée à cet endroit il y a des milliards d’années, laissant une échancrure très spectaculaires qui se termine à l’ouest par un réseau de vallée, le Labyrinthe de la Nuit. Ici, sur ces images prises par la vénérable sonde spatiale européenne Mars Express — elle connait la Planète rouge « comme sa poche » puisqu’elle la survole depuis bientôt 20 ans –, nous n’en sommes pas loin, précisément à l’est, devant les canyons Tithonium Chasma et Ius Chasma.
Dans les profondeurs de Valles Marineris
Sur les parois de ces deux entailles, on peut observer l’action du vent qui, depuis des milliards d’années, est le maître d’œuvre de cet environnement, l’érodant patiemment, à la différence du Grand Canyon sur Terre (tellement plus petit), creusé par le fleuve Colorado. Les débris s’amoncellent au fond, des milliers de mètres plus bas. Là, d’ailleurs, rien n’est lisse ni figé aussi. Il y a de nombreux reliefs, d’origines variables, comme des montagnes culminant à plus de 3.000 mètres, elles aussi striées et labourées par les vents. Enfin, rapporte l’ESA, entre ces deux montagnes, il y a des bosses riches en « minéraux sulfatés contenant de l’eau », qui gardent la mémoire de la très ancienne du précieux liquide dans ces gorges profondes par endroit de 7 kilomètres.
Mars est un paradis pour les géologues qui lisent sur ces images de Mars Express et aussi de Mars Reconnaissance Orbiter le passé passionnant de cette planète proche de la nôtre.
En images : visitez le canyon Hebes Chasma
Article de Xavier Demeersman publié le 17 octobre 2013
Grâce aux images capturées par la sonde spatiale européenne Mars Express (Esa), explorez avec un niveau de détail inégalé les reliefs d’Hebes Chasma, un vaste canyon martien rongé par des milliards d’années d’érosion.
La Planète rouge présente une grande variété de paysages avec lesquels nous sommes de plus en plus familiarisés. D’ailleurs, il n’est pas rare d’en rencontrer qui font écho à ce que nous connaissons sur Terre : ici des volcans, certes géants, là des vallées de débâcles ou des rivières asséchées. Sans oublier des canyons aux dimensions démesurées tels Valles Marineris, le plus célèbre du système solaire, qui s’étire sur près de 4.000 km. Une impressionnante balafre sur le visage de Mars, parfaitement visible de l’espace.
La région compte plusieurs cicatrices, toutes formées vraisemblablement au cours du premier milliard d’années de l’histoire de la planète. Pour les exogéologues, leur origine est à chercher du côté du soulèvement des volcans titanesques du groupe des monts Tharsis que domine l’immense mont Olympe, haut de 23 km et aussi large que la France. Etirée, la croûte martienne se serait ensuite brisée, échancrée en de multiples points. Des milliards d’années après cet épisode géologique, nous découvrons ces plaies béantes transformées par l’érosion, grâce aux caméras des orbiteurs présents sur place.
L’étrange canyon d’Hebes Chasma sur Mars
À environ 300 km au nord de Valles Marineris, se trouve Hebes Chasma (images ci-dessus et ci-dessous), une autre blessure dans la région. Le canyon s’étend d’est en ouest sur quelque 315 km, et du nord au sud sur 125 km, pour une profondeur de près de 8 km ! En examinant de plus près la mosaïque de huit images très détaillées, capturées entre 2004 et 2009 par la caméra HRSC (High Resolution Stereo Camera) de la sonde Mars Express, les scientifiques ont relevé plusieurs points intéressants.
Celui qui retient le plus leur attention est le long plateau, ou mesa, subsistant au centre de la dépression dont le sommet est à la même altitude que le milieu environnant. Les données acquises par MRO (Mars Reconnaissance Orbiter) de la Nasa et la sonde spatiale européenne montrent que ses parois, hormis les matériaux d’origine volcanique que l’on retrouve enfouis dans toute la région, se caractérisent par des couches de sédiments lacustres, et sont tapissées de poussières étalées et déplacées par les alizés ou divers éboulements.
L’une des curiosités de ce paysage abîmé est la partie en forme de fer à cheval, visible à l’une de ses extrémités. Sur les gravats d’une paroi effondrée, on distingue une longue coulée de matériaux sombres terminée, en contre-bas, par une étrange flaque d’encre noire. Il n’est pas exclu qu’une fonte brutale de glace ou l’épanchement de réservoirs souterrains en soient à l’origine.
Impossible de rater les multiples sillons gravés sur les pentes de la mesa, témoignages de la relative fragilité des roches de l’édifice. Leur étude a révélé la présence de minéraux hydratés, qui ne se forment qu’en présence durable d’eau liquide. Un lac a probablement occupé cette profonde dépression durant au moins plusieurs milliers d’années avant de disparaître. Soumis à l’érosion des vents, de l’eau et des effondrements de terrains, le canyon d’Hebes Chasma ne cesse de s’agrandir.
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