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[EN VIDÉO] Réchauffement climatique : notre planète en territoire inconnu Dans la version préliminaire — qui ne couvre que les neuf premiers mois de l’année 2021 — de son rapport annuel State of the Global Climate, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) confirme la tendance au réchauffement climatique. Pour la première fois, la barre d’une hausse de 1 °C par rapport aux moyennes préindustrielles a été franchie sur la période des vingt dernières années. Mais le rapport met surtout en avant les nombreux phénomènes météo extrêmes survenus en 2021 et leurs conséquences pour la planète et pour l’humanité. © Organisation météorologique mondiale
La météo remarquablement chaude et sèche de cette fin de printemps et début d’été 2022 a un impact majeur sur la viticulture, au sud comme au nord. Les vignes sont des végétaux qui n’ont pas besoin d’une grande quantité d’eau, et ces plantes s’accommodent très bien d’une saison estivale chaude et relativement sèche. Mais avec un déficit de -88 % de précipitations à l’échelle du pays, la sécheresse de ce mois de juillet 2022 est un record et les vignes n’arrivent plus à s’adapter. « En général, le réchauffement n’est pas un problème chez nous, mais le manque d’eau de cette année commence à devenir inquiétant. Nous, les viticulteurs, on peut s’adapter et changer la date de nos vendanges, mais la vigne n’arrive plus à s’adapter, la nature a besoin de temps », confie Éric Boigelot, viticulteur sur un domaine de neuf hectares à Meursault, dans le département de la Côte-d’Or en région Bourgogne-Franche-Comté.
Le raisin est constitué d’eau à hauteur de 75 %, et exactement comme le fait que les arbres perdent leurs feuilles en cas de sécheresse pour se protéger et conserver leurs réserves, la vigne, elle, lâche ses fruits. « C’est un mécanisme de protection pour permettre à la plante de survivre. S’il n’y a plus assez d’eau, la plante choisit de sacrifier ses raisins pour éviter de mourir. Le fruit est bloqué dans sa maturité, il ne grandit plus et puis il commence à flétrir. C’est ce qui va arriver en Bourgogne s’il n’y a pas d’eau d’ici le 20 août. Si cela arrive, on ne peut rien faire, on est complètement bloqué », explique le viticulteur.
Des vendanges de plus en plus précoces
Le sud de la France, en état de sécheresse extrême, est fortement concerné. Dans les Pyrénées-Orientales, beaucoup de domaines viticoles débutent leurs vendanges cette semaine, un démarrage historiquement tôt. Mais dans le sud de la France, les viticulteurs ont en général le droit de pratiquer le « goutte à goutte », une technique d’arrosage qui permet de maintenir la plante en vie. Cette pratique n’est par contre pas autorisée en Bourgogne. Le problème est qu’avec la chaleur et la sécheresse, le degré d’alcool devient rapidement trop élevé : « en 48 heures, on peut prendre un demi-degré et au-delà de 15°, le sucre ne sera pas fermenté, c’est le problème actuellement dans le sud de la France, qui va peut-être se produire aussi en Bourgogne ces prochaines semaines », précise le Éric Boigelot. La teneur en alcool du vin augmente en effet à cause du climat, et cela détermine aussi la date des vendanges.
Les périodes caniculaires sont en effet connues pour provoquer un décalage de la période des vendanges, un phénomène qui s’est accentué ces dernières années, puisque les vagues de chaleur ont été multipliées par trois en l’espace de 30 ans selon Météo France. « Depuis 2003, on constate un changement. Avant, on vendangeait entre le 15 et 20 septembre en Bourgogne et si on vendangeait le 10 septembre on considérait que c’était tôt. Depuis 20 ans, on ne sait plus à quoi s’attendre, l’amplitude est complètement dingue, entre le 15 août et le 15 septembre. Cette année, on a prévu de vendanger le 27 août, mais en 2003 lors de la canicule, on avait vendangé le 21 août. »
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