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L’INFO. Est-ce que la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) de l’Essonne a tranché seule un débat qui divise toujours les experts ? C’est la question qui se pose suite à l’indemnisation d’un homme d’une trentaine d’années pour son électro-sensibilité il y a quelques semaines. La MDPH a en effet décidé de lui donner plusieurs milliers d’euros pendant trois ans pour qu’il s’équipe. Et ce malgré le fait que l’effet des ondes sur l’être humain ne fait toujours pas l’objet d’un consensus scientifique.
L’électro-sensibilité, c’est quoi ? La sensibilité électromagnétique, ou électro-sensibilité, est une maladie dont certaines personnes déclarent souffrir et qui serait causée et aggravée par les champs ou les ondes électromagnétiques.
Les symptômes, décrits et reconnus par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), se manifestent entre autres par des souffrances physiques et psychologiques, des fatigues, des insomnies ou encore des troubles digestifs.
Le cas Thierry*. Mi-avril, le sujet est arrivé sur la table en France alors que pour la première fois, un homme de 32 ans vivant dans l’Essonne a été indemnisé par la MDPH pour cette pathologie. Par ce biais, la maison départementale des personnes handicapées a reconnu un lien de causalité entre les ondes et sa maladie.
Au chômage, le jeune homme a déjà dépensé des milliers d’euros pour isoler sa maison des ondes. Chez lui, les murs sont tapissés de couvertures de survies, un baldaquin en fil d’argent surplombe son lit. Le tout, selon lui, pour faire obstacle aux ondes qui l’entourent.
La décision de la MDPH. Et c’est justement pour rembourser ces investissements et financer les prochains que la maison départementale des personnes handicapées de l’Essonne a décidé de lui donner plusieurs milliers d’euros par an pendant trois ans. Thierry*, suivi médicalement, est dans une détresse qui a motivé la décision de l’institution.
“Dans son dossier médical, il y avait vraiment de quoi appuyer un avis positif selon les médecins, parce que son état de santé est vraiment très dégradé”, déclare à Europe 1 Marjolaine Rauze, la vice-présidente du conseil général de l’Essonne, dont dépend la MDPH.
Pas de consensus scientifique. Pourtant, officiellement, l’électro-sensibilité n’est toujours pas reconnue comme une maladie à part entière. Dans son étude publiée en 2005 sur le sujet, l’OMS reconnaissait l’existence des symptômes, mais ne prouvait pas le lien de causalité avec la présence d’ondes. “Il n’existe ni critères diagnostiques clairs (…), ni base scientifique permettant de relier les symptômes (…) aux CEM (champs électro-magnétique, ndlr)”, explique l’institution. Fin 2013, L’agence française de sécurité sanitaire appuyait cette idée après une étude sur le sujet. “Les conclusions de l’évaluation des risques ne mettent pas en évidence d’effets sanitaires avérés”, explique alors l’Anses.
Dans son rapport, l’OMS ajoute également qu’il existe “certains éléments indiquant que ces symptômes peuvent être dûs à des maladies psychiatriques préexistantes, ainsi qu’à des réactions de stress résultant de la crainte inspirée par les éventuels effets sur la santé des CEM”. Pour André Aurengo, chef du service de médecine nucléaire de l’hôpital de la Pitié membre de l’académie de médecine, l’électro-sensibilité est en effet liée à la psychologie. “Ce qu’il faut, c’est apprendre aux gens à apprivoiser leur relation avec les ondes, c’est quelque chose de psychologique. Il faut le traiter en allant s’attaquer à la cause du trouble”, analyse-t-il au micro d’Europe 1.
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Les ondes, un danger ? Malgré tout, la question des ondes reste posée pour plusieurs raisons. Premièrement, comme les symptômes sont reconnus, c’est que la gêne dont souffre certaines personnes est réelle. Pour certains, le problème est tel, qu’ils sont obligés de déménager et parfois de vivre dans des campings ou des mobil-home. La situation peut parfois prendre une tournure dramatique. Fin mars, une femme est allée jusqu’à monter au sommet d’une grue pour réclamer un nouveau logement dans les Hauts-de-Seine.
Enfin, même si l’OMS n’a pas établi de lien direct entre l’électro-sensibilité et les ondes, elle a néanmoins reconnu ces dernières comme “possible cancérigène” en 2011. En octobre 2012, la justice italienne avait même jugé le mobile et ses ondes coupables d’un cancer. Pas de quoi rassurer Thierry* donc.
LES FAITS – Indemnisé pour son électro-sensibilité, une première
REVENDICATION – Electro-sensible, elle se réfugie au sommet d’une grue
ACTU – Le mobile jugé coupable de cancer
ZOOM – Cancer : où en êtes-vous avec les idées reçues ?
* Le prénom a été modifié