La cimenterie McInnis devra se montrer plus transparente pour regagner la confiance de la population à la suite des épisodes de poussières collantes, croit la Santé publique et le ministre de l’Environnement Benoit Charette.
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« Clairement, il y a un bris de confiance par rapport à ce qui avait été promis parce que ça devait être une usine très propre, affirme le docteur Yv Bonnier Viger, directeur régional de santé publique en Gaspésie (DRSP). Et il y a un bris parce que les gens ne sont pas informés en temps réel de ce qui se passe ni de ce que fait la compagnie pour corriger la situation. »
Notre Bureau d’enquête révélait hier que la cimenterie avait fait des déclarations inexactes au ministère de l’Environnement pendant deux mois à l’été 2020 en omettant de lui dire que les poussières collantes qu’elle émettait se déposaient sur les terrains de ses voisins.
« Il est totalement inacceptable de la part de McInnis de nous donner des renseignements inexacts. L’entreprise devrait s’investir davantage pour répondre aux multiples plaintes et aux préoccupations des citoyens », a réagi l’attachée du ministre de l’Environnement Benoit Charette, Rosalie Tremblay-Cloutier.
Ces épisodes de poussières surviennent de façon régulière depuis maintenant deux ans et causent un stress à la population, a souligné le docteur Bonnier Viger.
« Pas tolérable »
« Ce n’est pas tolérable d’avoir une compagnie qui émet de la poussière de façon aléatoire, même si ça ne cause pas de problème de santé immédiat, ça cause un problème de stress permanent qui lui peut-être dangereux pour la santé », déplore-t-il.
Selon lui, pour corriger le tir, il est impératif que l’entreprise fasse preuve de transparence. « Ça voudrait dire qu’ils sont sérieux dans leur volonté de corriger la situation », ajoute le docteur.
Ce dernier ainsi que des cadres du Ministère ont eu beau rencontrer des résidents de Port-Daniel-Gascons la semaine dernière pour les rassurer quant au faible risque que représenteraient ces poussières, plusieurs résidents restent inquiets.
« Les gens ont exprimé qu’ils ne se fiaient pas aux données de l’entreprise », dit-il. D’ailleurs ces données ne permettent pas de détecter les pics de poussières collantes, selon la Santé publique.
Données indépendantes
Des citoyens ainsi que le groupe Environnement Vert Plus demandent d’obtenir des données indépendantes en temps réels.
« Une des revendications est que la compagnie […] informe immédiatement quand il y a des nuages de poussière pour que, justement, les informations puissent être collectées », dit Yv Bonnier Viger, qui appuie cette suggestion.
Le gouvernement menace d’utiliser une ordonnance pour forcer la cimenterie à respecter la loi. Cette dernière a toutefois obtenu deux reports du délai pour présenter ses observations. Elle a maintenant jusqu’au 31 août pour le faire.
« Cette 2e demande de prolongation est la dernière que le ministère acceptera et il est impératif que McInnis se conforme à nos lois et règlements en matière d’environnement », précise l’attachée du ministre.